20/07/2021  -  Projet de loi  12133

Obligation vaccinale : l'analyse juridique du conseil d'Etat pointe un oubli

La plus haute juridiction administrative valide le principe de la vaccination obligatoire de certains personnels instaurée par le projet de loi présenté en conseil des ministres le 19 juillet. Sur le fond, la suspension et le licenciement prévus à compter du 15 septembre passent aussi la rampe. Mais sur la forme, l'oubli de consultation pour avis de deux instances pose un problème juridique.


Le projet de loi « relatif à l'adaptation de nos outils de gestion de la crise sanitaire », validé pour l'essentiel quelques heures auparavant par le conseil d'Etat, a été adopté en conseil des ministres dans la soirée d'hier.

Il s'agit de tenter de contrer la « quatrième vague » qui déferle sur la France, a indiqué le porte-parole du gouvernement qui, contexte oblige, a surtout évoqué les modifications apportées sur le pass sanitaire.

Rien (encore) d'annoncé de neuf en ce qui concerne l'obligation vaccinale de certains personnels. Il est donc intéressant de se pencher sur l'analyse juridique du conseil d'Etat qui fait l'objet des points 28 à 39 de son avis du 19 juillet (pas encore publié)

Le Conseil d'Etat rappelle d'abord que l'instauration d'une obligation vaccinale s'inscrit dans un cadre constitutionnel et conventionnel bien établi (point 28) et considère qu'au vu de la situation actuelle et des effets bénéfiques attendus, elle est proportionnée à la lutte contre l'épidémie de la covid-19 et ne se heurte, dans son principe, à aucun obstacle d'ordre constitutionnel ou conventionnel » (point 29).

Le périmètre des personnes concernées

Sur le périmètre des personnes concernées, il note que le projet de loi dresse précisément la liste des personnes concernées à travers leur lieu de travail et leur profession. Il les récapitule : les professionnels médicaux et paramédicaux, du champ sanitaire et médicosocial, exerçant en établissement ou en libéral, ainsi que les professionnels, étudiants ou élèves qui travaillent dans les mêmes locaux. Entrent également dans le champ de l'obligation vaccinale les professionnels susceptibles d'être en contact dans le cadre de leur activité avec des personnes vulnérables, comme les pompiers, les personnels du transport sanitaire, etc.

Juste une réserve : l'obligation devrait cibler les personnels travaillant au domicile des personnes âgées de plus de 70 ans et des personnes en situation de handicap dans leur ensemble et pas seulement des bénéficiaires de l'APA ou de la PCH.

Et une suggestion : le Conseil d'État suggère d'introduire une disposition prévoyant expressément que les personnes intervenant ponctuellement, à titre professionnel ou bénévole, au sein des locaux dans lesquels travaillent les personnes soumises à l'obligation vaccinale ne sont pas soumises à l'obligation vaccinale.

Et les patients et résidents ?

Par ailleurs, le Conseil d'État constate que le Gouvernement n'a pas inclus dans le champ de l'obligation vaccinale les résidents ou patients des établissements, structures ou services dans lesquels exercent ou travaillent les professionnels obligés et s'est interrogé sur l'éventuelle atteinte à l'objectif constitutionnel de protection de la santé de cette obligation asymétrique.

Toutefois, compte tenu, d'une part, du niveau de la couverture vaccinale des personnes les plus vulnérables et, d'autre part, des conséquences sanitaires et sociales induites par une obligation de vaccination pour les plus vulnérables qui refuseraient la vaccination, le Conseil d'État estime que ce choix n'est pas manifestement inapproprié avec l'objectif de protection de la santé poursuivi par le projet de loi.

Interdiction d'activité et licenciement : le vent du boulet

L'avis du conseil d'État pointe une erreur qui risque d'avoir un effet domino sur les dispositions prévoyant l'interdiction des professionnels d'exercer leur activité en cas de non-respect de l'obligation de vaccination et leur licenciement après deux mois de suspension...

Sur le fond, le conseil d'État les estime dans les clous mais, sur la forme, il relève que si, côté salariés, le gouvernement a demandé l'avis de la Commission nationale de la négociation collective, de l'emploi et de la formation professionnelle, il ne l'a fait ni pour le Conseil commun de la fonction publique (CCFP) et ni pour le Conseil supérieur des personnels médicaux, odontologistes et pharmaceutiques, alors que ces dispositions concernent aussi les trois versants de la fonction publique et les personnels en question.

Le conseil d'État tire les conséquences de l'absence de consultation sur le projet de loi et ne valide pas l'interdiction d'activité et le licenciement : ces dispositions relatives aux agents publics ne peuvent pas être retenues et ne s'appliqueraient par conséquent qu'aux seuls salariés... ce qui serait « contraire au principe constitutionnel d'égalité ».

Trop tard pour réunir ces deux conseils, mais le conseil d'État prévoit une échappatoire ! « Si le Gouvernement décidait de maintenir ces dispositions dans le projet de loi ou d'en proposer le rétablissement par amendement au Parlement, écrit-il, dès lors que la consultation du Conseil commun de la fonction publique résulte d'une obligation législative dont la méconnaissance n'est pas sanctionnée par le Conseil constitutionnel, le Conseil d'Etat l'invite à en compléter la rédaction pour tenir compte de ses observations faites ci-dessus »....

Le projet de loi doit être examiné cette semaine par le parlement.

22/11/2024  - Duerp

Un nouvel outil en ligne pour évaluer les risques professionnels en Ehpad

L'INRS et l'Assurance maladie mettent à disposition des Ehpad un logiciel en libre accès les aidant à rédiger leur document unique d'évaluation des risques professionnels (Duerp).
21/11/2024  - PPL

Vers la grande loi infirmière tant attendue ?

L'ancien ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale et sa collègue Nicole Dubré-Chirat ont déposé une proposition de loi élargissant les missions des infirmières.
21/11/2024  - Arrêté

45 départements vont bénéficier d'un complément de financement APA de 150 millions

Un arrêté précise les critères de versement par la CNSA du complément de financement de 150 millions prévu par la LFSS 2024.
21/11/2024  - Lutte contre la solitude

Un petit geste pour illuminer le réveillon de Noël d'un aîné isolé

Les Petits Frères des Pauvres lancent l'opération Les Colis de Noël pour offrir un peu de joie aux âgés isolés.
15/11/2024  - Enquête

Vaccination : A-Grippe-toi demande une politique de sensibilisation des seniors

Selon une enquête d'A-Grippe-Toi, 82% des seniors ont une connaissance lacunaire de l'importance des vaccins.
14/11/2024  - En exclusivité

"Nous avons besoin de nos 7 500 Ehpad" soutient Paul Christophe

Nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les femmes et les hommes le 21 septembre dernier, Paul Christophe répond à Géroscopie dans une longue interview à découvrir dans son numéro à paraître mi-décembre. Premiers éléments...
10/11/2024  - Décès

Claudie Kulak nous a quittés

C'est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons le décès de Claudie Kulak, survenu le 6 novembre 2024.
08/11/2024  - Du 12 au 19 novembre

5e édition de la Semaine nationale de lutte contre la dénutrition

La dénutrition est une maladie insidieuse qui touche plus de 2 millions de personnes en France, de l'enfant en situation de handicap, à la personne âgée en perte d'autonomie. RDV pour une semaine de sensibilisation du 12 au 19 novembre 2024.
07/11/2024  - Santé

Vers la création de l'Institut des vulnérabilités

L'Institut pour la prévention des vulnérabilités liées à la santé organise un colloque de lancement le 20 novembre d'un projet qui allie observation, recherche, formation, et accompagnement clinique.