Le Syndicat des audioprothésistes relaie les objections d'un récent rapport sur la réforme du 100% santé en matière d'aides auditives. Risques de dérives, sur-appareillage, surenchères commerciales... Les chaînes d'opticiens sont mises en cause.
100% Santé audiologie : une aubaine pour... les opticiens
L'augmentation exceptionnelle du nombre de bénéficiaires d'aides auditives en 2021 doit être vue comme une réponse favorable à un grand enjeu de santé publique.
Le sur le 100 % Santé dans le domaine de l'audition remis au gouvernement par les Inspections générales des affaires sociales (Igas) et de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) le souligne avec force. Mais s'il met en évidence « des effets quantitatifs importants », ce rapport qualifie d'«encore incertains » les effets qualitatifs. Il s'inquiète d'«indices de sur-appareillage » comme le taux d'appareillage binaural en forte progression, au détriment des personnes elles-mêmes et de la Sécurité sociale. Au centre des « risques de dérive » : «la montée en puissance rapide de nouvelles catégories d'acteurs (...), les chaînes d'optique, soit qu'elles développent des réseaux 100 % dédiés à l'audition, soit qu'elles créent des «corners» audio au sein d'une boutique d'optique ». Le rapport appelle « à mieux surveiller les pratiques promotionnelles, à contrôler plus efficacement le respect de la réglementation et à renforcer le suivi de l'appareillage par les audioprothésistes ». En rappelant à plusieurs reprises le rôle central des 4400 audioprothésistes, garants de la qualité de la prise en charge des patients, essentiellement des personnes âgées et très âgées - « le succès de l'appareillage et l'observance dépendent du travail de l'audioprothésiste et non de l'appareil ».
Le Syndicat des audioprothésistes a choisi de rebondir sur l'analyse et les données chiffrées de ce rapport pour tirer la sonnette d'alarme, lors d'une conférence de presse du 24 février. Avec les opticiens en ligne de mire. Son président Luis Godinho plaide en faveur du repositionnement de la profession d'audioprothésiste dans le champ des métiers de la rééducation plutôt que dans celui de l'appareillage et d'un travail sur le nombre d'audioprothésistes à former afin de maintenir des prestations initiales et de suivi de qualité. A court terme, il demande aux pouvoirs publics de réglementer la publicité commerciale pour les aides auditives - « une nécessité urgente ».
Le SDA est rejoint par de nombreux acteurs : France Assos Sante?, l'Union des Associations nationales pour l'inclusion des malentendants et des sourd, la Fondation pour l'audition, la Fédération nationale des étudiants en audioprothèse, le Syndicat national des centres d'audition mutualistes et le Conseil national professionnel d'ORL. Ce dernier évoque « un incontestable effet d'aubaine engendre? par la réforme » et pointe lui aussi l'«apparition de comportements déviants, de surenchères commerciales, de publicités discutables et omniprésentes, de sur-prescriptions voire d'orientations injustifiées des malentendants vers des appareils auditifs de classe 2 (hors panier du 100% santé, ndlr) ».
Dans le cadre du suivi de la réforme 100% Santé, un rapport de la DGCCRF est attendu d'ici quelques jours ou semaines.