Exit le projet de loi Grand âge et autonomie. Sans surprise, le Premier ministre a confirmé le 8 septembre le nouvel abandon en rase campagne (électorale) d'une loi ambitieuse... et coûteuse. Le secteur attend désormais le lot de consolation du PLFSS 2022.
Abandon de la loi Grand Âge : la déception
Concertations, rapports multiples, promesses : bis repetita, le scénario est le même que l'enterrement de la réforme de la dépendance sous le quinquennat Sarkozy ! Beaucoup d'acteurs s'en souviennent...
Le projet de loi Grand Age et Autonomie, brièvement rebaptisé « Générations solidaires » ne fait donc plus partie des priorités de la fin du quinquennat a confirmé Jean Castex le 8 septembre. Il ne verra pas le jour. Venue conclure le même 8 septembre les Assises nationales des Ehpad, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'Autonomie, s'est contrainte à un exercice d'avant-vente des mesures « nouvelles, fortes et tangibles » que contiendra le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 présenté le 6 octobre en conseil des ministres...
Sans convaincre un secteur désabusé. Premières réactions.
Luc Broussy : « Cela pose le problème de la crédibilité de la parole donnée ».
Dès le discours, la veille, du Premier ministre en clôture des journées parlementaires LREM, Luc Broussy l'a déclaré à l'AFP : « J'ai été surpris d'entendre les députés République en Marche applaudir à l'abandon de la loi Grand âge, quand le Premier ministre Jean Castex a annoncé que des mesures pour la dépendance figureraient dans le PLFSS ». Le spécialiste des questions liées au vieillissement et à la silver économie, co-auteur d'un rapport sur l'Ehpad du futur, et par ailleurs président du Conseil national du Parti socialiste a rappelé que « cette loi sur la dépendance a été annoncée par le président Macron en juin 2018, l'objectif a été réaffirmé régulièrement. Cela pose le problème de la crédibilité de la parole donnée ».
L'AD-PA regrette « qu'une fois de plus l'Etat ne tienne pas parole sur ce sujet majeur ».
L'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) regrette « qu'une fois de plus l'État ne tienne pas parole sur ce sujet majeur, laissant au milieu du gué les personnes âgées, professionnels et familles ayant subi de plein fouet les effets des retards français, mis en exergue par la crise Covid. Et ce d'autant que, sur le fond, l'État confirme également ainsi que dans une société âgiste le sujet du grand âge n'est pas compris comme une priorité, au bénéfice de tous les Français ».
L'AD-PA sera donc très attentive à ce que les annonces de mesures nouvelles du Premier ministre dans le cadre du PLFSS « se traduisent très concrètement par des financements permettant, enfin, de significativement augmenter le nombre de professionnels au service des personnes âgées en établissements et services à domicile ».
La Fnadepa attend désormais « des mesures fortes et tangibles »
La Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa) exprime « sa vive déception » suite à l'annonce par le Premier ministre de l'abandon de la loi Grand âge et Autonomie « pourtant promise par le président de la République à plusieurs reprises [et qui] aurait dû permettre de transformer le modèle d'accompagnement de nos aînés et de préparer notre pays à la vague grise qui approche ». Elle attend désormais « des mesures fortes et tangibles dans le PLFSS 2022 comme annoncé par la ministre chargée de l'Autonomie ». Sans se décourager (!), elle en appelle d'ores et déjà aux futurs candidats à l'élection présidentielle pour que le sujet du vieillissement, qui concerne tous les Français, « soit LE grand sujet social de la campagne ».
« Quel gâchis ! » pour l'Unccas
L'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) s'insurge « adieu la grande loi du quinquennat, ou comment ruiner un projet de société pour en faire un véritable serpent de mer : quel ga^chis ! ». Elle ajoute : « Brigitte Bourguignon aura eu beau nous assurer lors des assises des Ehpad que ces mesures seront « fortes », elles ne remplaceront en rien une approche globale et assumée, tant politiquement que financièrement de l'accompagnement de nos aînés » et conclut : « les politiques sociales locales ne pourront indéfiniment pallier les insuffisances d'un système dans lequel les seniors sont encore et toujours considérés comme de simples variables d'ajustement. Nos concitoyens ont pourtant mesure? les enjeux du sujet à la faveur de la crise sanitaire et de son impact sur les plus fragiles. Manifestement, cela n'aura pas suffi ».
Le Congrès national des âges et du vieillissement regroupant, les 27 est 28 septembre à Paris, personnes âgées, familles, élus et professionnels rouvrira sans aucun doute le débat. Et les plaies ?