Ces deux dispositifs peinent à s'imposer en France. En cause, les difficultés générées par notre droit du travail. Pourtant le gouvernement tente de trouver des alternatives pour leur permettre d'exister. Explications.
Accueil familial versus relayage à domicile, alternatives ou illusions ?
L'accueil familial
Il s'agit d'une solution d'accueil de personnes fragiles, âgées ou handicapées, au domicile d'un particulier, agréé et contrôlé par le Conseil Départemental. Si sur le papier, la possibilité d'un accueil temporaire est indiquée, dans la réalité les accueillants familiaux privilégient les formules pérennes et continues, qui leur offrent davantage de stabilité financière. Cette solution non médicalisée permet une prise en charge de proximité.
Pour obtenir l'indispensable agrément, défini par le Code de l'Action Sociale et des Familles1, l'accueillant familial doit établir un projet d'accueil personnalisé, offrir une chambre privative d'au moins 9m² (16m² pour un couple), comprenant une pièce d'eau, rendre accessible l'ensemble du logement etc. Il doit aussi suivre 54h de formation, un dispositif renforcé en avril 2017.
Reste que cette alternative au domicile ou à l'EHPAD, malgré ses 30 années d'existence, reste encore peu développée. Seules 10 000 personnes exercent aujourd'hui cette activité en France. "Et parmi les 15 000 personnes accueillies, 64% sont des personnes en situation de handicap. Ce chiffre pouvant atteindre 100% dans certains départements", souligne l'Institut de formation de recherche et d'évaluation des pratiques médico-sociales (IFREP). L'accueil familial serait-il la solution de demain pour les personnes âgées ? Peut-être, si l'État arrive à organiser cette "profession". Le rapport Libault propose d'adosser les accueils familiaux à des structures professionnelles, type EHPAD, salariant dès lors les accueillants. Une idée pour l'heure mal reçue par les professionnels de l'accueil familial, qui tiennent à garder leur statut d'indépendant, et leur fonctionnement de gré à gré...
Pour en savoir plus :
IFREP : www. IFREP.fr
France Accueil Familial : www.franceaf.fr/
Familles d'accueil : www.famidac.fr
Le relayage
Des expérimentations de baluchonnage (c'est son nom québecois) ou plutôt relayage ont débuté en France en avril 2019 pour prendre fin le 30 décembre 2021. Créé il y a presque 20 ans au Québec, ce modèle d'accompagnement à domicile de personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer peine à s'installer dans l'Hexagone. Il se heurte en France aux règles du droit du travail. Pour rendre les expérimentations possibles, un dispositif dérogatoire au droit du travail a été mis en oeuvre. Il a d'ailleurs trois ans pour faire ses preuves. En s'appuyant sur une directive appliquée "pour les activités de garde, de surveillance et de permanence caractérisées par la nécessité d'assurer la protection des biens et des personnes", l'article 29 crée pour les aides à domicile un régime spécifique autorisant jusqu'à 6 jours d'intervention consécutifs et 94 jours maximum sur 12 mois, et 11 heures de repos quotidien pouvant être supprimé totalement ou réduit à 8 heures avec attribution d'un repos compensateur.
La baluchonneuse, souvent une femme, peut ainsi s'installer au domicile de la personne pour y vivre 24h/24 en l'absence du proche aidant qui peut alors prendre un petit peu de temps pour lui. Elle s'adapte au rythme de la personne dont elle s'occupe, assurant les soins divers (toilette, repas...) mais aussi l'accompagnement social.
Les aidants familiaux sont remplacés auprès de leur proche par un seul et même intervenant. Cela permet de conserver les habitudes de vie comme l'environnement de la personne malade.