" Améliorer la qualité de vie de chacun et du groupe "
Philosophie, méthode, concept... l'approche Snoezelen est une démarche d'accompagnement basée sur l'écoute, l'observation, l'exploration sensorielle, la détente et le plaisir. Le mot Snoezelen est issu de la contraction de snueffelen (renifler, sentir) et de doezelen (somnoler). Développée dans les années 70 et proposée initialement dans le cadre du handicap, l'approche Snoezelen se déploie actuellement dans les secteurs gérontologique et psychiatrique. Reportage à l'espace Simone Dussart de Savigny-sur-Orge (91), centre d'accueil de jour pour personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer ou de troubles apparentés. Equipé d'un espace Snoezelen, ce lieu accueille en tout 60 personnes pour une capacité quotidienne de 15 personnes.
Dès l'entrée, une odeur de gâteau en préparation interpelle l'odorat. " C'est l'anniversaire d'une personne qui est là aujourd'hui, nous sommes attentifs à ces événements du quotidien qui constituent des repères. Ce gâteau va créer un climat convivial et créer du lien entre les personnes présentes ", explique Karine Leveugle, directrice.
Salle de jeux, d'animations - un atelier chant bat son plein -, cuisine, salle-à-manger...l'endroit est clair et vivant. Rien n'est laissé au hasard ici. Des repères liés au présent jalonnent les couloirs et les pièces : calendriers, clins d'oeil aux saisons... La télévision située dans le salon est allumée, pourtant personne ne la regarde. " Normalement, la télévision n'est en marche qu'à certains horaires. Mais aujourd'hui, nous avons dans nos locaux une personne très anxieuse et perturbée, la télévision a un effet très calmant sur elle, de ce fait on la laisse ", poursuit-elle.
Mener vers le lâcher-prise
Ateliers cognitifs, musicothérapie, lecture de la presse, ateliers du souvenir, pétanque,..les activités proposées sont variées et allient plaisir, lien social et stimulation de la mémoire. L'espace Simone Dussart, géré par le Centre communal d'action sociale de la Ville, dispose d'un espace Snoezelen depuis son ouverture en 2009 installé par TFH. Comme l'explique Stéphanie Fougeroux, aide médico-psychologique, " travailler sur la stimulation sensorielle répond à une volonté de départ. Les personnes qui viennent ici ont de grosses angoisses et ont du mal à les verbaliser. Avec Snoezelen, nous avons voulu créer un cadre propice à l'apaisement et à la communication. "
Colonnes lumineuses et colorées à bulles d'eau démultipliées par des jeux de miroirs, gerbes de fils colorés en fibre optique, tableaux sur lesquels sont projetés des formes abstraites et mouvantes, des paysages, des animaux, diffuseurs d'huiles essentielles... " Par tous ces outils multi-sensoriels, nous captons l'attention de la personne afin de la mener à son rythme vers un lâcher-prise. Ces éléments suscitent des surprises, des questions, des réactions verbales ou non. Tous les sens sont sollicités et stimulés. Ce contexte va casser l'angoisse, relier la personne au moment présent, générer un échange, laisser émerger un souvenir lié à une sensation. Snoezelen permet aussi de communiquer autrement que par la parole car ce n'est plus toujours possible. Une communication par le corps, via le toucher par exemple, peut s'instaurer ", reprend Stéphanie.
Les effets pour chacun et pour le groupe sont réels. Une personne qui entre angoissée ou en colère dans l'espace Snoezelen en ressort - presque toujours - apaisée. En réduisant individuellement les tensions, les séances Snoezelen empêchent que le stress d'une ou deux personnes gagne l'ensemble du groupe. " Cette approche améliore donc la qualité de vie de chaque individu et du groupe ", précise-t-elle.
Créer une relation de confiance
L'espace Snoezelen de l'espace Simone Dussart est spacieux. Les fauteuils confortables et la banquette sont des invitations à la détente. Chaque séance est différente et se déroule en fonction de l'état global de la personne mais aussi de son état du jour. Certaines séances durent 15 minutes, d'autres une heure. La moyenne est de 30 à 45 minutes. La pièce est sombre pour inciter au repos. Stéphanie Fougeroux se place à côté de la personne, lui prend la main pour la rassurer. Parfois, elle ajoute une couverture pour la réchauffer et l'apaiser. " Certaines personnes craignent que leurs propos soient répétés à leur famille. Je leur dis dès le début qu'elles peuvent être en confiance et que rien ne sortira de la pièce", indique Stéphanie. Chacun s'approprie l'espace en fonction de ce qu'il est. Chaque séance est adaptée aux capacités et aux goûts des personnes. Il s'agit de trouver le juste équilibre entre stimulation sensorielle et relaxation.
Une séance Snoezelen est un moment à soi qui met le bénéficiaire à l'abri des agressions extérieures afin de le mener à un mieux-être. La fin de séance doit donc être progressive pour que la sortie ne soit pas brutale. Stéphanie Fougeroux explique à la personne que la séance touche à sa fin, lui propose un verre d'eau, ouvre un rideau, la laisse seule un bref moment, entrouve la porte avant de l'accompagner vers l'extérieur...tout en douceur.
" Nous sommes en lien avec les familles pour donner du sens à l'accompagnement Snoezelen. Bien entendu il ne s'agit pas de répéter aux familles ce qui se dit lors des séances mais de leur donner des éléments sur l'évolution de l'état de leur parent. J'ai créé un document d'évaluation qui permet de suivre la progression des troubles liés à la pathologie et d'orienter les personnes âgées vers des animations adaptées à leurs besoins et à leurs capacités résiduelles ", conclut Stéphanie.
Marie-Suzel Inzé
Encadré
Besoin d'aide ?
L'Etat, les Conseils généraux et régionaux, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie peuvent apporter leur concours à un projet d'installation d'espace multisensoriel Snoezelen. D'autres pistes sont également à creuser : France Alzheimer, Fondation Caisse d'Epargne, Fondation Médéric Alzheimer, Groupama, les caisses de retraite, Pièces jaunes, Lion's club, Rotary... Cette liste n'est pas exhaustive.