Ancienne directrice d'EHPAD, Jeanine Dubié est députée des Hautes-Pyrénées et membre de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale.
"Avec 320 propositions pour mieux répondre au vieillissement de la population, le diagnostic est posé et partagé"
Quels ont été, selon vous, les événements marquants de l'année 2019 ?
Parmi les nombreux rapports qui ont été publiés cette année sur le Grand âge, je décernerai une mention spéciale à celui de Dominique Libault. Si la future loi Grand âge et autonomie reprend ses propositions principales, nous aurons fait un grand pas. Il évoque aussi des sujets rarement abordés comme par exemple, celui des thérapies non médicamenteuses pour les personnes atteintes de troubles du comportement. Les propositions du rapport El Khomri sont également intéressantes en ce qu'elles mettent en lumière les besoins de formation mais aussi de considération des professionnels, notamment par des revalorisations salariales. En 2019, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 a également prévu un budget de 15 millions pour le recrutement de personnel infirmiers la nuit et la revalorisation progressive de la prime pour les assistants de soins en gérontologie (ASG). Je citerai également le vote de la loi relative à l'organisation et la transformation du syste`me de sante? qui autorise le gouvernement à légiférer dans un certain nombre de domaines par ordonnance, ce qui est regrettable dans la mesure où le rôle du Parlement s'en trouve affaibli. Je suis également inquiète face à la volonté d'amoindrir le rôle des élus locaux en matière d'organisation de la santé sur leur territoire. Je fais ici référence à l'effacement des élus locaux au sein des conseils de surveillance des établissements hospitaliers.
Que souhaitez-vous en 2020 pour les personnes âgées ?
En 2019, 320 propositions ont été formulées dans les différents rapports pour mieux répondre au vieillissement de la population. Le diagnostic est posé et partagé. Il faut maintenant y répondre concrètement. J'espère donc que le projet de loi Grand âge et autonomie sera rapidement présenté et que les financements seront à la hauteur des besoins. Je défendrai la proposition de Dominique Libault de consacrer la contribution à la réduction de la dette sociale (CRDS) pour financer en partie la perte d'autonomie après 2024. Le sujet de la tarification des EHPAD est également essentiel. Revenir à la tarification binaire - hébergement et soins - qui existait avant 1999, justifiera la création d'un cinquième risque de la sécurité sociale. Le forfait dépendance disparaissant, il n'y a aucune raison de ne pas sortir du champ de l'aide sociale pour instaurer un financement national et universel. Mais d'autres évolutions sont nécessaires : par exemple, pourquoi les dépenses d'administration d'un EHPAD continueraient-elles d'être imputées sur la seule section « hébergement » ? J'espère aussi que nous retrouverons en 2020 un peu plus d'altruisme. Le détournement des jeunes des métiers liés au prendre soin m'inquiète en ce qu'il illustre notre délitement sociétal et le manque d'attractivité de ces professions pourtant indispensables.