C'est dans le cadre du 1er congrès, co-organisé par des organisations de retraités -personnes âgées (ANHR, Citoyennage, FNAR), professionnels et élus (AD-PA, GAG, RFVAA, SNGIE, SNP), que s'est tenu un débat riche autour des enjeux et perspectives du mouvement de l'aide aux personnes âgées. Le but : dresser un bilan de l'action engagée et mettre en perspective les réponses possibles aux attentes d'aujourd'hui et demain.
Avenir des EHPAD : le débat s'ouvre
Ils sont nombreux à la tribune ce 7 septembre, 2è jour du congrès, pour débattre des insuffisances du modèle français. Après avoir largement rappelé les actions menées au printemps 2018, notamment le mouvement de grève de l'EHPAD de Foucherans, les syndicalistes ont listé les revendications des salariés inquiets de leurs conditions de travail et de la baisse de qualité dans la prise en charge des résidents. « Citons pour exemple les problèmes de tarification des EHPAD, le personnel trop peu nombreux, précarisé et mal formé, la non intégration de l' « autonomie » dans le programme du président de la République, qui ne nous a d'ailleurs toujours pas reçus », précise Mireille Stivala, Secrétaire générale CGT-Santé et Action sociale. « Il est difficile d'amorcer un dialogue avec Agnès Buzyn. Nous devons y retourner ».
Le soutien du grand public
« C'est parce que nous avons été soutenus par le grand public, les familles notamment, que le mouvement s'est renforcé », ajoute Ève Rescanières, Secrétaire générale CFDT Santé-Sociaux. « Nous devons aujourd'hui changer l'image du secteur. Nous sommes des professionnels avec une éthique et des qualités humaines. Or on nous empêche de pratiquer du soin relationnel. Bien sûr la personne âgée est lavée et nourrie, mais elle a aussi besoin d'attentions humaines. » Pour cela, le mouvement réclame du personnel supplémentaire et une meilleure reconnaissance du métier. « Il faut former et proposer des perspectives d'évolution pour éviter l'usure. Les politiques doivent arrêter de se renvoyer la balle et considérer le sujet comme un enjeu sociétal majeur ». Sur les financements, les intervenants sont unanimes. « Les budgets ne sont pas coupés c'est sûr mais le nombre d'usagers augmente », s'agace Christelle Bigarre, CFDT Aide à domicile. « Cela revient donc au même ».
Accompagner le mouvement
Ce discours sur la précarisation des emplois et les difficultés financières est partagé par les directeurs eux-mêmes. Mais Marie-Pascale Mongaux-Masse, directrice de la Résidence Les Aubépins, entend aller plus loin. « Quand personne ne veut voir, il faut provoquer. Nous avons acquis des savoirs, des connaissances, malheureusement circonscrites à nos services. Nous devons coacher la société. Et nous avons de nombreux outils à disposition pour cela : l'animation des CVS, la communication sur les aspects de fond, des belles mais aussi des moins belles histoires à raconter aux médias, de manière pédagogique, provocatrice, sensible... ». Une démarche qui demande de l'engagement « mais nous avons la responsabilité du changement et le pouvoir, c'est à dire la capacité, d'agir. Nous devons mobiliser les familles, les syndicats, les salariés. Car si on veut des crédits, il faut qu'on ait du crédit. » Et cela passe par la communication, le récit de ce que vivent les établissements mais aussi des propositions concrètes. « Nous sommes des animateurs éthiques. Devenons des animateurs de nos territoires ».
Construire l'avenir
Pour Romain Gizolme, directeur AD-PA, « le mouvement est lancé. Un grand débat sur le financement de la dépendance va s'ouvrir. Avec ce mouvement, nous avons imposé le sujet à un gouvernement qui ne l'avait pas envisagé. Nous allons maintenant devoir construire l'avenir » et repenser l'EHPAD de demain.