Pour Pascale Thomas, épidémiologiste spécialiste des questions de changement climatique et de santé, l'évolution des caractéristiques des vagues de chaleur constatées ces dernières années nécessite une adaptation des systèmes d'alerte et des plans de prévention.
Changement climatique : les alertes canicule et les plans de prévention doivent être adaptés
Les effets sanitaires de l'exposition à la chaleur, que ce soit en termes de morbidité que de mortalité, sont aujourd'hui largement décrits. Rappelons qu'en Europe, la canicule de 2003 a entraîné 70 000 décès supplémentaires, dont 14 800 sur les seuls 15 premiers jours d'août en France.
L'adaptation proactive à la chaleur, et notamment aux fortes chaleurs, est donc être une priorité de santé publique. En 2019, au moins 16 pays européens avaient mis en place des plans de prévention de la chaleur et des systèmes d'alerte.
Dans un article publié dans la revue International Journal of Biometeorology, relayé par une interview de Santé publique France où elle est chargée de projet scientifique air, climat et santé, Pascale Thomas, épidémiologiste, pose la question des nouveaux seuils qui conduiraient à des interventions efficaces, tout en étant acceptables en termes de fréquence.
En effet, ces dernières années, l'augmentation en fréquence et en intensité des canicules en Europe est un des exemples les plus emblématiques des effets déjà observables du changement climatique et l'évolution de leurs caractéristiques et de leurs impacts sur la santé montre l'importance d'une adaptation du système d'alerte et des stratégies de prévention français. L'augmentation de la vulnérabilité à la chaleur concerne l'ensemble de la population et pas seulement les personnes les plus fragiles. Ainsi une surmortalité importante a-t-elle été observée pendant les canicules de 2020, notamment dans le Nord de la France (en vigilance rouge), et dès 45 ans -la vulnérabilité à la chaleur ayant pu être aggravée par le contexte pandémique.