Créer les conditions nécessaires pour permettre à la population qui nous est confiée de vivre le mieux possible à domicile.
Dafna Mouchenik - LogiVitae
Qui êtes-vous ?
Je suis enthousiaste, brouillon, persévérante, tenace, une idéaliste clairvoyante et pragmatique. Je suis travailleur social de formation. J'ai créé en 2007 un service d'aide et d'accompagnement à vocation sociale. Fort d'une équipe formidable de 165 salariés, nous accompagnons ensemble 800 personnes âgées quotidiennement, en perte d'autonomie et/ou malades et/ou en situation de handicap.
Je suis également l'auteur de deux livres : « Derrière vos portes » Édition Michalon et « Première ligne » chez Fauves Édition. Grande dyslexique, l'écriture fait pourtant partie de moi et me procure beaucoup de plaisir. Je suis très engagée ESS, je crois en une économie au service de l'humanité et de la planète. Je suis également présidente de l'une des fédérations du secteur du domicile et également administratrice d'Impact France.
Quel est votre métier ?
Je suis la directrice de LogiVitae, service d'aide à domicile parisien. Mon travail consiste à créer les conditions nécessaires pour permettre à la population qui nous est confiée de vivre le mieux possible à domicile lorsque c'est leur choix. Secteur pauvre et mal mené des pouvoirs publics, les conditions de salaire et de travail y sont mauvaises, aussi il m'incombe de trouver tous les leviers possibles pour contre balancer cette réalité et permettre aux personnes qui travaillent à mes côtés, de ne pas devenir les victimes collatérales du système actuel.
Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ?
Sans réforme profonde et structurelle de l'accompagnement à domicile, les professionnels ne seront plus en capacité de soutenir la population à domicile. Pourtant les besoins vont être exponentiels et nos métiers sont pleins de sens. Si le virage domiciliaire promis par notre gouvernement était réellement pris, la filière pourrait répondre à une fantastique mission de service publique réglant bien des problématiques sociales et économiques au-delà même de la question du vieillissement.
Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ?
Le secteur du domicile est à 98% féminin. Lorsque je montais mon entreprise, il y a près de 15 ans, j'étais moi-même une toute jeune maman tiraillée entre vie professionnelle et vie de famille. Aussi ai-je toujours eu à coeur d'intégrer cela dans le mode d'organisation de mon entreprise. Je veux que les femmes qui travaillent avec moi n'aient à renoncer à (presque) rien. Travailler tout en pouvant être auprès de leurs enfants et subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. De nombreuses problématiques sociales sont rencontrées par les auxiliaires de vie : précarité, violences conjugales, manque de formation, problématiques liées aux logements, liées aux titres de séjours. Or permettre une réelle émancipation financière en proposant untemps plein, CDI, formation. Soutenir les salariées face à chaque difficulté de la vie : logements, places en crèche... sont autant de leviers pour les aider à être libres et indépendantes. Je crois que si cela m'anime tout particulièrement c'est aussi parce que je suis une femme.