Débattre, et trouver le mot juste
Le 8 avril dernier se « discutait » à l'Assemblée nationale la proposition de loi « donnant et garantissant une fin de vie libre et choisie », proposée par le député Olivier Falorni. On la savait vouée à l'échec vu le peu de temps consacré aux échanges et à l'examen des 4 000 amendements. Heureusement. Car ce débat est sérieux et mérite une réflexion approfondie, loin des discussions de comptoirs auxquelles nous avons assisté, médusés.
Mais cet événement soulève toutefois un certain nombre de questions. Pourquoi les soins palliatifs peinent-ils à se développer en France quand on connait le soulagement qu'ils apportent ? Pourquoi la loi Claeys-Leonetti, votée à l'unanimité, et par toutes les couleurs politiques, reste-t-elle aussi incroyablement méconnue, alors qu'elle offre un cadre aux soignants et du répit au souffrant et à ses proches ?
Pourquoi enfin qualifier les opposants à l'euthanasie de rétrogrades et de conservateurs quand on sait à quel point ce sujet touche si finement à l'intimité de l'être ?
Tout ceci nous interroge sur la place laissée à la parole et à l'accompagnement. Delphine Horvilleur, rabbin de France, qui publie ces jours-ci « Vivre avec nos morts »[1], nous invite ainsi à reconsidérer notre lien, nos mots, notre capacité à échanger avec nos congénères, vivants ou morts. « En hébreu, explique-t-elle dans une interview donnée à nos confrères de France 5, le cimetière est la maison des vivants. Les sages racontent que c'est justement au cimetière qu'il faut être capable d'évoquer la vie, et ne pas laisser la mort avoir le dernier mot. »
En attendant, il serait grand temps de redonner une place aux mots pour parler du deuil, d'utiliser le langage pour débattre avec subtilité d'une fin de vie, « libre et choisie ».