Pour Sébastien Taupiac, directeur santé de l'Ugap, le recours à des équipements plus médicalisés - rendus nécessaires par l'accroissement de la dépendance des résidents - génère de fortes augmentations de coûts et un véritable besoin en expertise.
« Des achats plus techniques et plus complexes »
Comment décririez-vous l'évolution des achats en Ehpad ?
En premier lieu, l'entrée en institution de personnes de plus en plus dépendantes a pour corollaire un recours croissant à des équipements de plus en plus médicalisés et techniques, ce qui pose de nombreuses questions en matière d'expertise, d'investissement et de déploiement opérationnel et nécessite d'aborder la question des achats d'un point de vue global en intégrant par exemple les coûts d'exploitation. Ensuite, d'un point de vue organisationnel, beaucoup d'Ehpad - au moins un sur trois à ce jour - sont intégrés ou en voie de l'être aux Groupements hospitaliers de territoire. Les hôpitaux supports qui centralisent les politiques d'achat se retrouvent souvent démunis face à cette cible particulière qu'ils orientent de plus en plus souvent vers des opérateurs nationaux, comme l'Ugap. J'ajoute sur ce point que nous avons décidé de proposer des conventions de rattachement à des Ehpad publics ou privés à but non lucratif à nos conventions régionales en santé, afin qu'ils bénéficient eux aussi de nos conditions partenariales et de notre accompagnement. Enfin, nous constatons que des Agences régionales de santé - je pense notamment à celle des Hauts-de-France - accompagnent aujourd'hui des Ehpad dans l'optimisation de leurs achats.
La double valeur soignant-résident est-elle davantage prise en considération dans la politique d'achat ?
Les Ehpad veulent effectivement rendre les conditions de travail de leurs salariés plus agréables. Ils développent de nombreux travaux sur l'ergonomie ou sur les aides techniques pour aider le résident à se lever par exemple. Le développement des systèmes de prévention des chutes, ou des fugues pour les personnes malades d'Alzheimer, concourt également à un environnement moins stressant. Je pourrais également citer l'exemple du lit long séjour connecté qui intègre des systèmes de prévention et de détection des chutes. Les achats deviennent donc plus techniques, plus complexes - intégrant par exemple des contrats de maintenance - et donc plus coûteux. A l'Ugap, la croissance de l'activité sur le secteur des Ehpad est en 2019 de 25% (en montant de commandes enregistrées).
Quelle est la principale différence entre une politique d'achat à l'hôpital et en Ehpad ?
Les Ehpad ont encore de gros besoins d'investissement, que ce soit en matière de sécurité ou de traçabilité tandis que les hôpitaux, et plus encore les groupements hospitaliers de territoire, intègrent de plus en plus à leur politique d'achat des clauses environnementales ou d'insertion sociale. Cela étant précisé, les Ehpad sont de plus en plus attentif aux préoccupations environnementales notamment dans le champ de la restauration en recourant aux circuits courts et en recherchant une meilleure qualité des produits. Une attention croissante est portée à ce positionnement que j'appelle « premium » car l'erreur en la matière serait de privilégier le moins-disant.