L'EHPAD Notre-Dame de Puyraveau à Champdeniers Saint Denis (Deux-Sèvres) a trouvé la solution, des collations accessibles nuit et jour. Entretien avec Christophe Favrelière, son énergique directeur.
Des bouchées enrichies à toutes heures
Quand avez-vous mis en place le principe de bouchées enrichies ?
C. Favrelière : Il y a 10 ans maintenant, dès 2007. Il s'agissait pour l'équipe de trouver une solution à la dénutrition des résidents, qui concernait à l'époque un grand nombre des personnes accueillies dans l'établissement, dont la majorité est atteinte de troubles psychiques. Nous avons ainsi conçu des bouchées enrichies en protéines, en minéraux et en vitamines. Une formule adaptée aux personnes souffrant de troubles de la déglutition et pour lesquelles le manger main constitué de tartines et de verrines était inadapté.
Comment avez-vous mis en place ce projet ?
Christophe Favrelière : Nous avons installé des vitrines réfrigérées dans les couloirs. Elles proposent des bouchées enrichies bien sûr mais aussi des laitages et des fruits. Ces vitrines nécessitent une gestion particulière et un bon ciblage des besoins car il n'est pas question de gaspiller la nourriture ou de laisser accessibles des produits âbimés. Une personne de l'équipe a la responsabilité de suivre spécifiquement la consommation et les dates de péremption. Mais si les yaourts et les fruits sont faciles à étiqueter, les bouchées demandent une attention particulière.
Avez-vous formé spécialement vos équipes ?
Christophe Favrelière : Bien sûr. Nous avons réorganisé les plannings et horaires des équipes. Il a fallu rassurer et impliquer les professionnels, aides-soignants, agents de service comme les cuisiniers. Mais dans les faits, nous constatons aujourd'hui que peu de personnes se servent seules la nuit dans les frigos. La prise alimentaire doit le plus souvent être accompagnée par les équipes. Il faut asseoir les personnes au bord du lit, pour éviter les fausses routes, tout en limitant un lever qui induirait un réveil complet. L'expérience et le recul montrent que seule une poignée de résidents est réellement concernée. Cela nous permet de répondre à chacun d'une manière juste et adaptée. Cette proposition crée de l'apaisement et vient combler des besoins psychologiques, sans recourir au médecin ou aux médicaments.
Finalement vous adaptez la prise alimentaire au rythme de chacun ...
Christophe Favelière : Oui nous n'avons pas tous les mêmes profils. Dans notre établissement par exemple, 5 à 6 personnes mangent en décalé. Cette souplesse est possible car elle concerne en réalité peu de personnes mais elle a une implication pour toute l'équipe. Un de nos résidents, aujourd'hui décédé, appréciait de prendre son petit déjeuner à 10h00 du matin. Son déjeuner était du coup décalé à 14h00 et sa toilette différée dans la matinée. Cela nécessite un peu d'organisation mais lorsqu'on peut mettre de la souplesse, tout le monde y gagne. Cela évite pas mal de tensions dans des métiers déjà soumis à de nombreuses contraintes.