Convaincue que le petit-déjeuner est le repas pris avec le plus d'appétence, la Résidence de l'Orme (ORPEA) à Saint-Maur des Fossés (94) en a fait un des piliers de sa stratégie de lutte contre la dénutrition. Un succès car les prises alimentaires et hydriques ont été multipliées par deux voire par trois pour certains résidents. Explications avec Josiane Saleh, directrice de l'établissement.
Des petits-déjeuners aux couleurs de nos régions
Tout a commencé il y a deux ans. " Nous avions constaté que le petit-déjeuner, repas qui vient rompre le jeûne nocturne, était très attendu des résidents, qui refusent souvent la collation proposée vers 22h00, seule une petite tisane étant souvent acceptée après le diner servi entre 18h30 et 19h30 ", explique l'énergique directrice. L'objectif du projet consiste donc à utiliser le désir des résidents pour le petit-déjeuner, un repas ancré dans leur culture, pour en faire un repas essentiel de la journée, aussi important que le déjeuner.
Observer, analyser, diversifier
Une équipe pluridisciplinaire, composée des pôles soin, hôtellerie et administratif, s'est alors mobilisée pour analyser les besoins, observer les prises alimentaires quotidiennes, les types de produits consommés... " Nous avons installé durant quelques jours sur une unité de vie, des buffets agrémentés de bouchées salées ou sucrées, cakes aux olives, brochettes de fruits, viennoiseries... que nous avons réassortis régulièrement. Et nous avons enregistré les ingestas, étudiés ensuite par l'équipe soignante. L'objectif était de mesurer les attentes et d'y répondre de manière juste et adaptée, sans gaspillage. La gestion de buffets s'est aussi révélée complexe pour des questions d'hygiène (les résidents pouvaient croquer dans une bouchée et la reposer). "
Un temps soumis aux contraintes
Le petit-déjeuner est un moment compliqué en EHPAD. Il est servi alors que les professionnels sont monopolisés par les soins. Par ailleurs, ce repas est parfois moins investi par les résidents car le menu est souvent identique d'un jour à l'autre. La Résidence de l'Orme a intégré ces données et propose désormais des formules diversifiées, prêtes à consommer, adaptées aux profils des résidents et sur une plage horaire étendue.
Répondre aux besoins spécifiques
Les résidents permanents ou accueillis de manière temporaire profitent chaque jour d'un petit déjeuner différent, pré-commandé, composé de spécialités régionales (parisiennes, alsaciennes, bretonnes... voire même italiennes). Les plateaux individuels, servis en chambre, sont préparés en cuisine et personnalisés. Les repas sont présentés dans une jolie vaisselle, rappelant l'univers hôtelier. " Cette préparation nécessite de modifier l'organisation ", ajoute Josiane Saleh. " Trois personnes consacrent une heure à ce travail d'anticipation. Les soignants sont quant à eux plus disponibles pour aider les personnes à manger, notamment dans l'unité protégée, où, en complément de la composition classique, nous proposons aux résidents du "manger main", des préparations salées et sucrées prêtes à être consommées, de même qu'un smoothie de fruits frais fait maison. A l'accueil de jour, nous avons constaté que les résidents apprécient particulièrement la proposition de ce même petit-déjeuner en collation à 10h00. " A noter que ce petit-déjeuner permet une meilleure répartition des protéines du soir vers le matin, avec, comme l'a observé l'équipe soignante, une diminution du nombre de régimes spécifiques enrichis.
Josiane Saleh réfléchit déjà à de nouvelles évolutions sur le repas du soir. A suivre donc de très très près.