La Haute autorité de santé (HAS) vient d'annoncer avoir actualisé ses recommandations sur la dénutrition chez les personnes âgées de 70 ans et plus en partenariat avec la Fédération française de nutrition. Elles seront présentées le 16 novembre.
Des recommandations actualisées de la HAS pour diagnostiquer plus précocement la dénutrition chez la personne âgée
La dénutrition touche plus près de 3 millions de Français, parmi lesquels au moins un tiers a plus de 70 ans. Cette situation est particulièrement préoccupante dans la mesure où la dénutrition s'accompagne d'un accroissement de la morbidité (chutes, fractures, hospitalisations, infections nosocomiales), de la perte d'autonomie et de la mortalité, quelle que soit la cause de la dénutrition. Qui plus est, ces complications sont elles-mêmes des facteurs de dénutrition, installant les personnes âgées dans un cercle vicieux qui peut accélérer la fin de vie. Les données épidémiologiques montrent en effet que le risque de dénutrition s'accroît avec la perte d'autonomie : près d'une personne âgée dénutrie sur 7 vit à domicile et près d'une sur 4 dans une unité de soins de longue durée.
La Haute autorité de santé, en partenariat avec la Fédération française de nutrition, a complété ses recommandations sur le diagnostic de la dénutrition de l'enfant et de l'adulte publiées en novembre 2019 pour y intégrer des éléments spécifiques à la population des personnes de 70 ans et plus. L'ensemble de ces recommandations seront présentées le 16 novembre à l'occasion d'un webinaire organisé dans le cadre de la semaine nationale de la dénutrition (sur inscription).
Un diagnostic qui repose exclusivement sur des critères cliniques
Le diagnostic de la dénutrition repose sur l'examen clinique qui doit permettre de repérer l'association d'au moins deux critères. Il faut au minimum 1 critère phénotypique, relatif à l'état physique de la personne, et au minimum 1 critère étiologique, c'est-à-dire lié à une cause possible de la dénutrition.
Les critères phénotypiques sont les suivants (1 seul critère suffit) :
- Perte de poids ? 5 % en 1 mois ou ? 10% en 6 mois ou ? 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ;
- IMC < 22 kg/m ² ;
- Sarcopénie confirmée par l'association d'une réduction de la force et de la masse musculaire.
Les critères étiologiques sont les suivants (1 seul critère suffit) :
- Réduction de la prise alimentaire ? 50% pendant plus d'une semaine ou toute réduction des apports pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation habituelle ou aux besoins protéino-énergétiques :
- Absorption réduite (malabsorption/maldigestion) ;
- Situation d'agression (avec ou sans syndrome inflammatoire) : pathologie aiguë ou pathologie chronique évolutive ou pathologie maligne évolutive.
Trois critères de sévérité
Une dénutrition est considérée comme sévère et plus lorsqu'au moins un des trois critères suivants est présent :
- Un IMC inférieur à 20 kg/m2;
- Une perte de poids supérieure ou égale à 10% en 1 mois, supérieure ou égale à 15% en 6 mois ou par rapport au poids habituel avant le début d'une maladie ;
- Un dosage pondéral de l'albuminémie avec un résultat inférieur à 30 g/L, mesuré soit par immunonéphélémétrie soit par immunoturbidimétrie qui sont les seules méthodes fiables.
Installer une surveillance de l'état nutritionnel régulière
La surveillance de l'état nutritionnel d'une personne de 70 ans et plus requiert de la peser, calculer son IMC, évaluer son appétit et sa consommation alimentaire et enfin de déterminer sa force musculaire en s'appuyant sur la mesure de la force de préhension ou sur le test de lever de chaise.
Pour ce qui concerne la fréquence, cette surveillance dépend du lieu de vie des personnes âgées :
- 1 fois par mois à domicile et à chaque consultation ;
- A leur entrée à l'hôpital, puis toutes les semaines pour celles qui sont hospitalisées en MCO et SSR ;
- A leur entrée puis au moins une fois par mois pour les personnes hébergées dans un Ehpad ou en USLD ;
- A la sortie du malade des établissements.
L'obésité n'exclut pas la dénutrition chez une même personne
Il est important de souligner qu'obésité et dénutrition ne sont pas incompatibles et peuvent coexister chez une même personne. Le cas échéant, le diagnostic repose sur l'association d'un critère étiologique et d'un critère phénotypique - à l'exclusion de l'IMC, qui ne fait pas partie des critères de définition de la dénutrition dans une population obèse.