Si la crise sanitaire a mis en lumière le rôle majeur des Ehpad dans l'accompagnement des plus âgés, tous semblent aujourd'hui s'accorder sur l'impérieuse nécessité de faire évoluer ce modèle.
Dessine-moi l'Ehpad de demain
Dessine-moi l'Ehpad de demain a ainsi réuni une après-midi durant, le 12 juillet 2021, à l'initiative du ministère des Solidarités et de la santé, acteurs de la santé et du médico-social, architectes, urbanistes, sociologue, financeurs, familles pour échanger sur les pistes déjà mises en oeuvre.
Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l'Autonomie, a profité de la conclusion des échanges pour rappeler sa volonté d'accompagner cette mutation. Les Français « ne veulent plus de ces EHPAD qui les privent de leur liberté, et au sein desquels les professionnels craignent parfois la maltraitance institutionnelle, le plus souvent en raison d'un manque de moyens », a-t-elle souligné. Elle entend ainsi porter le virage domiciliaire, à l'image du modèle danois, où « l'incapacité n'amène à la perte d'autonomie que si l'environnement social et matériel n'est pas adapté. Le maintien à domicile est d'ailleurs le fil rouge de leur système. Seulement 4% des personnes âgées de plus de 65 ans vivent en institution, les autres vivent dans des logements adaptés et sécurisés. »
Le domicile oui mais pas sans l'Ehpad
« Il ne s'agit pas de sacrifier les EHPAD », insiste Brigitte Bourguignon, soucieuse de souligner l'engagement et le dévouement des professionnels durant la crise. Mais bien de leur permettre de devenir effectivement LE domicile des résidents. Et de rappeler l'engagement financier de l'État, passé et à venir. « Les crédits engagés par l'Etat sont colossaux, avec 2,1 Md€ qui leur sont consacrés dans le cadre du Ségur de la Santé, dont 450 M€ qui sont mobilisés dès 2021 ». (...) « Les collectivités et acteurs locaux seront aussi à pied d'oeuvre et j'entends les soutenir avec le lancement, à l'automne, d'un fonds d'appui aux démarches territoriales en faveur du vieillissement actif. Une enveloppe de 10 M€ permettra de les accompagner dans une démarche de valorisation de la contribution des seniors à la revitalisation de centres-villes et de quartiers, mais aussi plus largement à leur contribution à la société, quand leurs apports potentiels sont trop souvent minorés.»
Du quotidien et de la proximité
C'est le voeu de la ministre délégué à l'Autonomie. « 4 000 projets sont attendus partout en France pour améliorer la qualité de vie des résidents au quotidien, mais aussi celle des professionnels. Chariots motorisés, rails lève-malades, détecteurs de chute permettront d'améliorer la vie de ceux qui se dévouent, chaque jour, au service de nos aînés. » Et après la revalorisation salariale réalisée avec le Ségur de la santé, un plan de désendettement du secteur hospitalier devrait permettre d'investir dans les structures pour personnes âgées.
Une vision pour l'Ehpad
Si le détail du projet de loi se fait encore attendre, trois piliers semblent faire consensus. Il s'agit d'abord de créer des ehpad plus médicalisés, grâce à la présence d'équipes mobiles, de gériatrie, de soins palliatifs, d'hygiène hospitalière, et la généralisation des astreintes infirmières de nuit ; des ehpad ouverts sur l'extérieur ensuite, qui accueillent des publics variés dans leurs murs ; des ehpad reconnus comme de véritables lieux de vie enfin, où l'architecture joue pleinement son rôle, où l'utile ne s'oppose ni au beau ni à l'agréable.
Tout cela ne peut se faire que dans une démarche partenariale, précise Brigitte Bourguignon, qui profite de l'occasion pour installer le Laboratoire des solutions de demain, arrimé à la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie. En parallèle, elle annonce la signature d'une convention de partenariat avec la CNSA, pour intensifier le plan d'aide à l'investissement des Ehpad, et accélérer l'effet levier recherché par le Ségur de la Santé et le plan de relance, en particulier auprès du secteur privé. Plus de 3,5 Md€ vont être mobilisés par la Caisse des dépôts avec 25 M€ de crédits d'ingénierie pour les stratégies territoriales, 2,5 Md€ de prêts pour financer la construction et la rénovation de bâtis, 1 Md€ de fonds propres en soutien aux investissements à réaliser. « Ces crédits vont permettre non seulement de renforcer l'investissement dans les Ehpad, mais aussi d'appuyer tous les porteurs de projets, avec une extension aux solutions d'habitats intermédiaires : habitats inclusifs mais aussi résidences services seniors. »
La ministre rappelle enfin qu'elle entend investir dans le numérique, pour connecter les Ehpad à la ville, à l'hôpital, maintenir le lien social. Et de conclure avec une formule choc « l'Ehpad est mort, vive l'Ehpad ! ».