La Délégation interministérielle à l'économie sociale et solidaire, la Direction générale des entreprises (DGE) et la Caisse des dépôts ont mené une étude stratégique sur le potentiel pour l'Économie sociale et solidaire (ESS) dans le champ de l'aide aux personnes âgées (établissements et domicile). L'étude analyse les principales perspectives d'évolution du secteur, les leviers d'action et les éventuels freins au développement de l'ESS.
Domicile, EHPAD : quelles perspectives d'évolution pour les acteurs de l'ESS ?
Parmi les principaux acteurs de l'Économie sociale et solidaire (ESS) dans le secteur EHPAD, on retrouve la Fondation Partage et Vie et les associations Groupe SOS Seniors et ARPAVIE. Ces trois groupes font partie des dix principaux gestionnaires d'EHPAD au niveau national.
" Cette répartition du secteur des EHPAD entre les trois entités juridiques devrait s'équilibrer d'ici dix ans. Une nette progression des opérateurs privés devrait être observée au détriment d'un recul important du secteur public. Le secteur privé non lucratif devrait maintenir son positionnement ", souligne l'étude.
L'étude note une dynamique de croissance des activités dans le secteur des EHPAD et des Résidences Autonomie, portée par les groupes associatifs les plus importants, avec des diversifications d'activité dans l'aide à domicile et le développement de Résidences Services. Cette dynamique permet aux gestionnaires d'EHPAD privés à but non lucratif de maintenir leur part d'activité dans les prochaines années (autour de 30 %).
Diversification et concentration
" Cette dynamique se traduit notamment par une concentration des acteurs, impulsée par les pouvoirs publics, permettant une structuration et une professionnalisation du secteur autour des grands acteurs de l'ESS. Ces associations, fondations et mutuelles mettent en valeur le secteur ESS dans le champ des EHPAD en travaillant autant sur la qualité de l'accompagnement que l'accessibilité financière des services au plus grand nombre. Ils permettent aussi d'envisager des solutions diversifiées et innovantes dans les territoires ruraux où les opérateurs commerciaux ne sont pas présents. Ces acteurs tendent, par ailleurs, à diversifier leurs services et à travailler en complémentarité avec les acteurs traditionnels du domicile, en mettant à profit leurs installations : service de portage de repas, organisation d'activités et d'animations pour les personnes extérieures à l'EHPAD, projets d'EHPAD à domicile...", analyse l'étude.
Quel que soit le segment (hébergement et domicile), le secteur devrait par ailleurs poursuivre son mouvement de concentration, caractérisé par des regroupements d'opérateurs sur des logiques financières et d'optimisation des moyens (fédération, réseau, absorption...). Faute de marges de manoeuvre sur le prix des prestations, en raison de l'hyper-sensibilité de la demande, la concentration devient une stratégie forte des acteurs afin d'atténuer les contraintes pesant sur leurs activités : forte intensité capitalistique, hausse des coûts de fonctionnement, besoin de mutualiser les fonctions support, investissements importants à réaliser dans la domotique...
Vers un modèle d'" entreprise associative "
La raréfaction des financements publics devrait accélérer la transition des associations vers un modèle d'" entreprise associative ", avec une prise en compte accrue des impératifs d'équilibre économique et de rationalisation. Cette évolution concerne aussi bien le champ du domicile que le secteur des EHPAD. " Les finances publiques sont en baisse et beaucoup d'EHPAD publics sont en difficulté. Certains sont accolés aux hôpitaux qui consacrent plus d'argent et de temps à la gestion sanitaire. On assiste à une mutation du secteur public au profit du privé non lucratif : nombreuses reprises d'établissements publics par des acteurs privés non lucratifs comme le Groupe SOS. On tend vers une diminution de la place des acteurs publics et les acteurs privés lucratifs vont rester à périmètre constant et les acteurs privés non lucratifs vont gagner en importance et se mutualiser ", témoigne le Groupe SOS Séniors.
L'étude formule une série de recommandations afin de permettre la poursuite du développement de l'ESS dans le champ de l'aide aux personnes âgées : poursuivre la diversification de l'offre et la réponse à des logiques de parcours ; améliorer la coordination au sein du secteur.
Le développement de l'ESS sur le secteur reposera également sur un double accompagnement des pouvoir publics et des collectivités visant à "améliorer la solvabilité de la demande et améliorer l'attractivité du secteur", conclue l'étude.