L'association de consommateurs UFC Que Choisir publie une étude sur les inégalités d'accès aux Ehpad et dénonce « une fracture territoriale intolérable qui impose des réformes structurelles ».
Ehpad : l' « autre scandale » de la fracture territoriale et économique
L'UFC-Que Choisir a rendu publique le 17 mai, une étude, qui, écrit-elle, « dévoile un autre scandale lié au secteur des Ehpad : la fracture territoriale qui frappe les seniors devant entrer dans ce type d'établissements ».
Les disparités géographiques
Pour une moyenne nationale de 102 places pour 1000 personnes âgées de plus de 75 ans, l'étude de l'UFC-Que Choisir montre que le nombre de places peut varier du simple au quadruple selon les départements, de 41 à Paris à 169 en Lozère. Les personnes très dépendantes (GIR 1 et 2) en Mayenne bénéficient dans 90 % des cas d'une place en Ehpad, quand ce taux chute drastiquement à 42 % dans le Gard, et même à seulement 38 % en Corse !
Les disparités économiques
Le coût moyen d'une place en Ehpad est de 2 214 euros par mois, avec là aussi de fortes inégalités entre départements : 1749 euros dans la Meuse, mais 2 521 dans le Rhône, 2679 dans les Alpes-Maritimes et 3698 à Paris.
Par ailleurs, ce coût moyen de 2 214 euros par mois couvre des moyennes de 1 936 euros dans les Ehpad publics, 2 147 dans les Ehpad associatifs et 2 898 dans les Ehpad privés (lucratifs, ndlr). Or, là également, il existe « une forte discrimination territoriale » note l'UFC Que Choisir, puisque les Ehpad privés « sont parfois surreprésentés dans certains départements ». Ainsi, et alors qu'en moyenne nationale les Ehpad privés possèdent 23 % des places, leur « part de marché » excède 50 % dans 8 départements avec « un impressionnant record » dans les Bouches-du-Rhône (63,6 %).
« Un développement délétère de l'offre privée »
L'association de consommateur dénonce « un développement délétère de l'offre privée favorisé par les pouvoirs publics » sans qu'elle se traduise « par une meilleure qualité des prestations proposées aux résidents ».
Plaidant pour « une prise en charge humaine à un tarif raisonnable » et se disant « attachée à la liberté de choix du type d'Ehpad », elle demande :
- Que la création de nouvelles places se fasse essentiellement dans les structures publiques ;
- Que les Ehpad privés aient tous l'obligation de proposer un nombre suffisant de places éligibles à l'aide sociale à l'hébergement ;
- Un plafonnement des évolutions tarifaires des Ehpad privés ;
- La mise en place d'un taux d'encadrement minimal obligatoire pour tous les établissements et de porter ces taux à la connaissance des consommateurs ;
- Que les associations agréées en santé soient représentées au sein des Conseils de la vie sociale, pour veiller au bien-être des résidents.
Afin de limiter les restes à charge « parfois prohibitifs et durables » frappant les résidents, l'UFC-Que Choisir rappelle également la demande qu'elle porte depuis plus de 10 ans sur la mise en place d'un « bouclier dépendance », financé par la solidarité nationale .
Comparateur gratuit de l'UFC Que Choisir des Ehpad en France