" Engagez vous ! "
Quand s'ouvrit le 21 juillet 1976 le 58e congrès de la Légion de Pennsylvanie, le splendide Stratford-Bellevue hôtel de Philadelphie rayonnait, fort des 622 légionnaires et de leurs familles qui l'avaient pris d'assaut. Quinze jours plus tard avec 182 congressistes atteints d'une forme de pneumonie, dont 29 décédés, le climat était tout autre. Ce que tous les médias, y compris notre incontournable Paris-Match, appelèrent " La mystérieuse peste de Philadelphie ", fut l'occasion de découvrir en janvier 1977 une nouvelle bactérie baptisée Legionella pneumophila vivant dans les eaux douces et se multipliant entre 25 et 45°C. Le système de climatisation de l'hôtel fut mis en cause sans que cela puisse être toutefois démontré.
En France c'est à la fin des années 90 que s'est ouvert le vaste chantier de la maitrise de ce risque dans les établissements de santé. En stimulant la déclaration obligatoire de cette pathologie il a été possible d'en mieux cerner l'impact et l'évolution avec un pic de 1 527 cas déclarés en 2005 baissant à 1 206 en 2009 et une létalité stable de 11 %. Ainsi des épidémies, y compris en EHPAD, ont été investiguées et cela a conduit à étendre la législation vers le secteur médico-social fin 2005. Cette démarche a permis de mieux connaitre et gérer nos réseaux d'eau en institution, de maitriser la production d'eau chaude et de suivre sa qualité (température, contrôle microbiologiques..). Maitriser la température de l'eau c'est savoir réduire le risque de prolifération bactérienne tout en n'exposant pas ses résidents à la brûlure. C'est une arme essentielle associée à la lutte contre l'eau stagnante et donc aux stratégies de purge régulière. Bien concevoir son réseau d'eau et utiliser les matériaux modernes les moins à risque de contamination est désormais un impératif pour tout décideur.
La légionellose a permis de réfléchir à nos pratiques de soins et à l'usage parfois encore inadapté d'eau du réseau. Nous avons pris conscience de la vulnérabilité de certains résidents mais aussi de nouveaux modes de transmission comme via un simple robinet de lavabo. Les années 2000 ont vu aussi plusieurs épidémies d'ampleur liées à des tours aéro-réfrigérantes contaminées. Depuis ces installations ont été fortement sécurisées et vous pouvez raisonnablement passer à côté de ces panaches blancs sans essayer de battre à chaque fois un record d'apnée.
Lutter contre la légionellose c'est aussi savoir diagnostiquer cette pathologie. Le recours au test de l'antigénémie urinaire devant une pneumopathie s'est certes étendu mais est loin d'être encore systématique. N'oublions pas que la mise en culture sur simple crachat, pas toujours aisé à obtenir chez ces patients à toux souvent sèche, est extrêmement utile pour l'investigation épidémiologique. Soulignons qu'un traitement adapté précoce, avec un macrolide le plus souvent, est le meilleur atout pour réduire la mortalité liée à cette infection.
Et-vous, êtes-vous engagé dans la maitrise du risque légionelle ?