L'entreprise LNA Santé a publié début septembre un document présentant l'action du groupe dans ses Ehpad durant la crise sanitaire. De l'urgence, des difficultés rencontrées et de la mobilisation de tous émergent de nouvelles pistes pour prendre soin. Le point avec Willy Siret.
Et pour vous, ça se passe comment ? La parole à Willy Siret, Directeur Général délégué aux opérations
Que retenez-vous de cette crise sans précédent ?
La mobilisation des équipes a été remarquable, des femmes (en grande majorité) sont allées au combat avec un niveau d'engagement époustouflant. Elles y sont toujours d'ailleurs car la crise n'est pas achevée et nous devons rester vigilants pour protéger les résidents et les équipes. Durant la crise, nous avons accompagné au mieux les établissements grâce aux outils à distance. C'est ainsi que nous avons réalisé une visioconférence quotidienne avec le siège. Enfin, l'anticipation est une des clefs du succès. Nous n'avons jamais manqué de masques ou d'équipements de protection grâce à un stock global constitué pour l'ensemble du groupe et distribué en fonction des besoins réels du terrain.
Comment garder une trace de cette période « extra » ordinaire ?
On s'est bien sûr posé la question et cela nous a semblé essentiel de raconter dans le détail ce qui s'était passé, et ce au-delà des simples retours d'expériences. D'où l'idée de réaliser une brochure, qui au-delà de la gestion factuelle de l'événement, détaille les actions mises en place dans le groupe. Ce document est diffusé à nos partenaires, aux élus et aux ARS qui nous ont soutenus dans cette épreuve, aux professionnels ; il s'agit pour nous de témoigner de l'intérieur des difficultés rencontrées et de la formidable solidarité exprimée.
C'est en effet un des éléments majeurs mis en avant dans votre document ?
Cette crise Covid a beaucoup soudé les équipes. Nous avons communiqué par SMS et par messages vidéo. Il nous semblait essentiel de leur montrer notre soutien et notre présence par des messages réguliers. Nous avons développé un site dédié destiné aux équipes et nous souhaitons aller plus loin par une mise en réseau des établissements. Nous n'avons jamais été aussi proches les uns des autres alors que nous sommes paradoxalement très éloignés. En juin, suite à un sondage qui a recueilli pas moins de 1700 réponses, nos équipes nous ont renvoyé qu'elles étaient sorties fatiguées de cette épreuve, soudées, mais pas « à plat ».
Comment allez vous accompagner vos équipes maintenant ?
Nous avons identifié des chantiers prioritaires : le soutien psychologique, managérial, la meilleure reconnaissance de l'implication des équipes, la rédaction de procédures précises pour ré ouvrir ou refermer les établissements médico-sociaux en fonction de l'évolution de la situation. Certains chantiers sont plus techniques comme la collecte des informations liées aux surcoûts Covid et les chantiers de retours d'expériences. L'été a permis aux professionnels de souffler un peu mais la situation reste pesante et sérieuse. Les questions autour de la vaccination, notamment contre la grippe, sont plus que jamais prioritaires. Nous menions déjà des campagnes de sensibilisation mais nous allons les renforcer.
Y a t-il des conséquences positives à cette crise ?
Elle aura certainement accéléré le passage au numérique, notamment la télémédecine. Elle nous oblige à nous adapter et modifier notre mode de vie au sein de nos établissements mais nous devons aussi et parallèlement continuer à vivre, à échanger, à communiquer car nous avons besoin de contacts physiques. Le numérique et les réseaux sociaux sont des atouts inestimables mais ne peuvent en aucun cas remplacer une présence physique.
Avez-vous constaté des syndromes de glissement ?
Pas vraiment au moment du déconfinement. Les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs se sont même parfois révélées plus paisibles car les repères étaient plus simples, il y avait moins de circulation autour d'elles. Cette situation nous a permis de revenir à des basiques de la prise en soins. Aujourd'hui, nous observons que les personnes, revenues dans les restaurants, s'alimentent mieux, prennent davantage de plaisir à partager leurs repas. Cela nous invite à retravailler ces questions en restant vigilants et en suivant attentivement les données médicales et les comportements des résidents.