Dans le n° 17-février 2012  710

" Faire campagne pour la prévention "

Qui mieux que le Chirurgien général George Miller Sternberg fut capable d'appréhender les déterminants et l'impact des maladies infectieuses et des agents qui les causent ?

Né le 8 juin 1838 près de New-York, il est, en 1867, Chirurgien capitaine de l'armée américaine. À ce titre il part à Fort Riley pour combattre les indiens Cheyennes près de la rivière Arkansas. Ce faisant il doit affronter aussi une terrible épidémie de choléra que son épouse hélas contracte et dont elle décède. De 1873 à 1875 il officie en particulier en Floride à Fort Barrancas où sévit de façon épidémique la fièvre jaune qu'il finit par contracter mais en réchapper. Il publie à cette occasion plusieurs articles sur " Le mode opératoire du poison de la fièvre jaune " et débute des travaux précurseurs, plus tard primés, sur la désinfection. Mais ce que l'histoire a retenu en priorité du Général Miller c'est d'avoir été le pionnier de la microbiologie américaine. Adepte de la langue française, il se passionne dès 1878 pour la " théorie des germes ".

À ce titre, il découvre en 1881, de façon presque simultanée avec Louis Pasteur, un nouveau micro-organisme. Il isole ce dernier du sang de lapins décédés après injection de salive humaine d'un sujet bien portant là où pasteur le fait avec celle d'un enfant décédé de la rage. Il identifie donc ce microcoque saprophyte de la flore buccale capable d'entraîner le décès par injection. Toutefois il faudra attendre deux décennies pour que Rosenow découvre que cet agent est celui de la pneumonie lobaire. Initialement appelé Diplococcus pneumoniae ce n'est qu'en 1974 qu'il devient Streptococcus pneumoniae en taxonomie scientifique et Pneumocoque en langage courant.

Dans une revue de la littérature récente sur les épidémies d'infections respiratoires en EHPAD, S. pneumoniae est considéré comme un germe à taux d'attaque faible chez les résidents (médiane à 13 %) mais à taux de létalité élevé (médiane à 27 %). La période d'incubation de cette pathologie est variable et on sait aussi depuis Sternberg qu'il existe des portages asymptomatiques. La transmission se fait sur un mode gouttelettes par projection directe des sécrétions respiratoires contaminées sur un sujet sensible ou via un vecteur secondaire, comme les mains, suite à une contamination de l'environnement. Le port d'un masque chirurgical au contact du résident, et chez celui-ci lorsqu'il sort de sa chambre, sera requis pendant 48 à 72 heures après le début d'un traitement efficace. L'hygiène des mains reste un atout fort.

Comme toujours la prophylaxie reste notre meilleure alliée surtout s'agissant d'une pathologie à prévention vaccinale. En EHPAD, il est recommandé de vacciner dès son admission un résident présentant les facteurs de risques de la pathologie comme par exemple une insuffisance cardiaque ou respiratoire. Le vaccin polyosidique 23-valent est recommandé et nécessite une seule injection, puis un rappel tous les 5 ans.

Et vous quelle est votre stratégie vis à vis du pneumocoque ?

En savoir plus :

http://nosobase.chu-lyon.fr/recommandations/Ministere_Sante/2008_EHPAD_ministere.pdf

http://nosobase.chu-lyon.fr/recommandations/cshpf/2005_ehpad_CSHPF.pdf

01/10/2024  - Ce qui se voit...

Luxe, calme et propreté

S'il est bien une condition indispensable au bon fonctionnement des Ehpad, c'est à n'en pas douter l'hygiène des locaux. Nettoyage, bionettoyage, hygiène du linge... Les consignes et protocoles ne manquent pas pour assurer l'organisation et l'évaluation de ces tâches quotidiennes. Et pourtant, ce travail reste invisible. Ou plutôt, il n'est visible que quand il n'est pas fait. Paradoxe ?
01/10/2024  - Billet

Les vieux aussi !

Serge Guérin me pardonnera de paraphraser le titre de son dernier ouvrage en date* pour titrer mon billet. Vous l'avez lu ou en connaissez le thème : bousculer les idées reçues sur le désintérêt des « vieux » en matière de gestes écologiques et solidaires. Tribune pour répondre à ceux qui pensent que ces générations issues de la deuxième guerre mondiale et des années cinquante ont abusé des trente glorieuses et se moquent des incidences climatiques et générationnelles futures. Elles pourraient pourtant donner des leçons d'économies à beaucoup en matière d'eau, de déchets et de courage. Une anecdote a fini de me convaincre. Récemment par une belle journée je me dirigeais vers la déchetterie suite à des travaux de jardin et je vis sur le bord de la route une personne âgée, courbée et tirant deux chariots utilisés pour les courses. Je me fis la remarque du courage de cette personne sachant que le commerçant le plus proche était à bonne distance. Sur la route de mon retour, je la revis. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'en fait cette dame âgée ramassait des deux bords de la route les déchets que les « clients » de la déchetterie laissaient tomber de leurs remorques en roulant. Je ralentis pour en avoir la certitude et raconter ce vécu à l'ami Serge. Plus encore, je décidais en ces temps riches d'à priori primaires d'en faire le thème de ce billet. Méfions-nous de ces raccourcis trop faciles. Oui, les vieux « aussi » sont sensibles à ces sujets qui mobilisent beaucoup de jeunes, à juste titre. Gardons-nous de ces clichés clivants. Demain ne pourra se construire qu'en faisant société, intelligemment, avec tolérance et respect. Et dès lors, même si mon propos est naïf, il fera bon vivre ensemble. ...
01/07/2024  - Billet

La victoire appartient au plus opiniâtre

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01/06/2024  - Toucher

Découvrir le corps

Toucher des corps qui ne sont ni les nôtres ni ceux des proches aimés. Les couvrir et les découvrir, au gré des soins et des besoins de chacun. Les toucher avec pudeur et respect, dans l'intimité d'une chambre. C'est notre quotidien de soignants, qui prenons soin de ceux qui ont besoin d'assistance pour les actes simples de la vie.
01/06/2024  - Partie I

Virage domiciliaire: Les risques du tête à queue...

Le « virage domiciliaire » est une formule qui sent bon la novlangue administrative et le poncif bureaucratique. Voici des années que ce virage est annoncé, que de nombreuses caravanes publicitaires stationnent sur les aires d'autoroute de la seniorisation... Pour autant, le bilan est maigre.
16/05/2024  - Billet

Éloge du temps

Le débat sur la fin de vie est en cours. Tel un marqueur politique nécessaire, il a été décidé d'en accélérer la réflexion. Il est vrai que le sujet est plus que sensible car on le constate déjà, la sémantique le dispute au fond. On évoque un « modèle français », qui de mon point de vue sera difficile non seulement à construire mais aussi à mettre en oeuvre. Il a été dit qu'il fallait donner du temps au temps. Et cette formule est reprise bien souvent et complaisamment. Sans vouloir procrastiner, car il est légitime qu'une société évolue, j'ai pour autant l'humilité de penser que notre pays est assez enclin à légiférer et « sur-légiférer » sans s'assurer de la réelle application des lois déjà votées. Un consensus se dégage ainsi pour affirmer qu'en matière de fin de vie, la douleur est le facteur essentiel. Et que le nombre de places en soins palliatifs est non seulement insuffisant mais géographiquement injuste. Le sujet presque tabou est difficilement évoqué. Triste constat. La loi Claeys-Leonetti est incomprise, souvent non mise en oeuvre. Elle correspond pourtant à un encadrement important et nécessaire de ces moments si difficiles. ...
01/05/2024  - Billet

Marqueurs de bienveillance

Les débats sur la loi « Bien vieillir » agitent les acteurs du secteur médico-social. Le grand public est plus préoccupé par d'autres sujets sociétaux, anxiogènes et médiatiquement plus à la « une ». Encore une fois, le grand âge est victime du syndrome de l'indifférence et d'un manque de volonté politique face au mur qui se rapproche de plus en plus. C'est un combat permanent, lassant, décourageant souvent, mais essentiel cependant selon le terme si employé lors de la récente pandémie. ...
01/05/2024  - Partie IV

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Pour poursuivre notre série sur la valorisation des métiers du care, évoquons les initiatives visant à améliorer très concrètement le quotidien des femmes et des hommes (surtout des femmes) qui travaillent auprès des plus fragiles.
01/05/2024  - Chronique

Et si on arrêtait de cacher les vieux?

La France des vieux, c'est la France du passé, la France d'hier. Place aux jeunes, à la modernité et à l'innovation digitale ! Bien entendu, je ne suis pas sérieux... Je vous imagine déjà sursauter...