Alors que le repas du soir est souvent servi vers 18h00 en EHPAD, il reste difficile pour nombre de personnes âgées de supporter un jeûne nocturne, atteignant souvent plus de 12h, voire 14h00 quand le petit déjeuner n'est servi qu'à 8h du matin. Pourtant des solutions existent. Le point dans notre dossier.
Faire de la collation nocturne une proposition pour les personnes dénutries
Une étude réalisée et publiée en 2015 par l'UFC Que choisir montrait déjà que les repas sont souvent servis trop tôt et pas assez espacés. Les dîners notamment sont présentés vers 18h00, ce qui entraîne de longues périodes de " jeûne nocturne ", et ne facilite pas la lutte contre la dénutrition, fréquente chez les sujets âgés, notamment en EHPAD.
La mise en place d'une collation nocturne pour ceux qui le désirent est parfois une alternative nécessaire. D'autant qu'elle présente de nombreux bénéfices : amélioration de l'endormissement, maintien d'un meilleur sommeil, limitation du recours aux somnifères, régulation de la glycémie, réduction du risque de chutes...
Cette collation se révèle aussi une solution intéressante pour les personnes démentes, sujettes à la déambulation dans les couloirs des établissements la nuit.
L'expérience du Limousin
Une étude1 menée par Linut, le réseau Limousin Nutrition, et l'ARS Limousin auprès de 22 établissements du département, dont les résultats sont présentés sous forme de " Fiches Conseils ", indique que 81,8 % des EHPAD proposent aujourd'hui une collation nocturne. Dans 25 % des cas, il s'agit d'une demande spécifique des résidents. Dans 25% des cas, cette distribution est liée à une hypoglycémie. Le 3ème quart correspond à un diner peu ou mal consommé. Le dernier quart condense des causes multiples (patient déambulant, dîner précoce, volonté du médecin de réduire le jeûne nocturne...).
Si pour certains établissements (1/4), la collation nocturne a toujours existé, dans 50 % des EHPAD interrogés, la demande s'est récemment accentuée. Elle a parfois été instaurée par un changement d'équipes ou l'altération de l'état général des résidents.
Concernant les horaires de distribution, 60% des établissements proposent la collation sans horaire précis. Pour les autres, la distribution s'échelonne entre 21h00 et 1h00 du matin.
La composition des collations
10 % des établissements interrogés indique que seule une boisson est proposée lors de cette collation. Les autres diversifient l'offre avec des compotes, laitages ou biscuits. Et certains vont plus loin préconisant des préparations salées en début de nuit (fromages, pâtés, pain, biscottes...) pour aller vers des préparations sucrées en fin de nuit.
Des alternatives diverses
Nombreux sont les établissements à réfléchir à des alternatives facilitant l'autonomie du résident. Pour réduire l'amplitude horaire du jeûne, certains envisagent d'avancer l'heure du petit déjeuner, d'autres de reculer l'heure du dîner. Une troisième voie, complémentaire, consiste à examiner des alternatives facilitant l'autonomie du résident : vitrines réfrigérées proposant des aliments en libre service, bar de nuit accessible aux déambulateurs nocturnes... " On observe que les nouveaux établissements intègrent cette donnée dans leur organisation de travail ", commente Carole Villemonteix, responsable structure santé au sein du Linut. " C'est ainsi que les dîners sont servis à 19h00. Cela modifie les plannings des équipes salariées pour le bien-être des résidents mais cette donnée a été intégrée par les salariés dès l'ouverture de l'EHPAD. Ce qui change tout. "