Dans le n° 19-avril 2012  -  Chronique de Pierre Parneix  749

" GAS dangereux "

Même s'il fut professeur émérite de biologie, Donald Lancefield doit principalement son passage à la postérité à son épouse Rebecca, née Craighill le 5 janvier 1895 à Fort Wadsworth. Toutefois c'est sous son patronyme marital que cette Américaine mis au point en 1933 la classification des streptocoques, à l'origine en trois groupes A, B et C, mettant fin à l'approche très réductrice qui différenciait jusque là toutes les souches sur le seul caractère hémolytique ou non.

Rébecca Lancefield consacra toute sa vie à l'étude des streptocoques et seule une mauvaise fracture de hanche à l'âge de 86 ans vint interrompre ses longues années de recherche en laboratoire. Streptococcus pyogenes, encore appelé Streptocoque du groupe A (SGA ou GAS dans son acronyme anglais), peut être responsable de pathologies très variées allant de la simple dermatose à la pathologie invasive mortelle. Cliniquement les formes graves se traduisent par une cellulite, une fasciite nécrosante une pneumonie nécrosante ou encore un " Toxic shock syndrome ". Il s'agit d'une pathologie à incubation très courte avec le plus souvent moins de 72 heures entre le contage et le début des signes cliniques.

Dans le domaine de la santé des épisodes isolés ou épidémiques, parfois hélas dramatiques, sont rapportés régulièrement en particulier en chirurgie et en obstétrique. Lorsque la source est identifiée il s'agit le plus souvent d'un professionnel de santé soit colonisé au niveau de la gorge ou du périnée soit atteint d'une dermatose surinfectée à cette bactérie. Toutefois l'investigation plus poussée ces dernières années de ce type d'infection grave a mis en évidence la possibilité d'infection endogène avec migration par voie vasculaire du SGA ou encore la transmission croisée possible par l'intermédiaire d'environnement inanimé comme des serviettes de toilettes partagées. Plus globalement une hygiène défaillante tant dans les soins que la vie générale accroit le risque.

Une revue de la littérature récente sur les infections invasives en SGA en EHPAD et long séjour gériatrique analyse les 118 cas identifiés et leur létalité impressionnante de 49%. Dans les particularités notées il y a le fort taux de portage par les résidents et les professionnels. Le fait pour un professionnel d'être porteur d'une angine ou d'une lésion eczématisé non déclarées a été souligné comme facteur de risque comme le fait pour un résident de partager la chambre d'un cas ou encore celui de recevoir des soins cutanés. En France seule la prophylaxie communautaire dans l'entourage d'un cas atteint d'infection invasive est codifiée et ciblé sur les sujets dits à risque en rappelant qu'un âge supérieur à 65 ans est synonyme d'appartenance à cette catégorie. Toutefois la gravité des cas auxquels on peut être confrontés doit conduire à faire une évaluation bénéfice/risque au cas par cas en sachant que la très faible durée d'incubation laisse peu de temps à l'indécision.

Et vous êtes-vous apte à limiter les effets du GAS ?

En savoir plus :

http://www.sante.gouv.fr/dossiers/cshpf/a_mt_181105_streptococcus.pdf

http://nosobase.chu-lyon.fr/recommandations/cshpf/2006_maternité_CSHPF.pdf

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