Le Think Tank Matières Grises, en collaboration avec Capgemini Invent, publie son 3è rapport « Grand âge et numérique : Objectif 2030 ». Un rapport dont la visée politique n'échappera à personne. Il sera adressé dans les prochains jours à Agnès Buzyn ainsi qu'aux parlementaires, députés et sénateurs, chargés d'élaborer la future loi.
Grand âge et numérique : quels objectifs pour 2030 ?
Ce rapport se veut le fruit d'une réflexion menée par les équipes de Capgemini et Matières Grises, nourrie d'entretiens avec chacun des membres du Think Tank et d'opérateurs, notamment sur le secteur du domicile. Les groupes y ont exposé leur vision stratégique de la transformation numérique, mais aussi leurs priorités, leurs chantiers en cours et leur niveau de maturité ainsi que les initiatives qu'ils jugent innovantes.
Des différences flagrantes
Le champ « personnes âgées » accuse un retard important dans l'adoption et l'usage de systèmes d'information par rapport au secteur hospitalier, mais il se caractérise surtout par une hétérogénéité entre les types de gestionnaires. L'informatisation des fonctions « Pilotage » et « Dossier usager » diffère selon le statut (le secteur commercial semble avoir pris un peu d'avance), et surtout selon la taille des structures, critère le plus discriminant.
L'appartenance à un groupe permet en effet de mutualiser les fonctions et les investissements. Le rapport précise que les fonctions « coeur de métier » couvertes par les SI des EHPAD sont moins performantes que les fonctions « support ». Pas moins de « 15 à 20 % des EHPAD seraient très mal voire pas du tout informatisés sur le dossier résident ». Pour les gestionnaires de petite taille, la mutualisation entre plusieurs structures ou organismes gestionnaires est soulignée comme une condition nécessaire pour rattraper le retard du secteur. Elle permettrait de réduire les coûts actuels par des économies d'échelle.
Des appuis financiers
Les experts insistent toutefois sur la nécessité de développer des moyens d'accompagnement, y compris financiers, pour encourager la mise à niveau des infrastructures qui accusent aujourd'hui un retard important. Les CPOM peuvent constituer un vecteur de soutien et d'incitation, par l'intégration d'indicateurs concernant les équipements puis les usages effectifs des SI dans le futur référentiel national d'évaluation externe.
L'introduction d'aides à l'investissement pour les projets SI permettrait également de doter les pouvoirs publics d'un levier d'orientation des choix des gestionnaires, à travers les critères d'attribution des aides (temps d'appropriation et dispositif d'accompagnement du changement suffisant, degré d'usage effectif, par exemple),
Des services numériques pour mieux accompagner la personne âgée
Ces dernières années sont marquées par un véritable foisonnement d'initiatives, de produits et services qui modifient, ou aspirent à modifier, les pratiques et les usages. Ils permettent de repérer les fragilités, mettre en place des actions de prévention, proposer des services de meilleure qualité, accéder et sécuriser les parcours de soins. Reste à renforcer leur évaluation, par un outillage adapté pour recueillir le ressenti des usagers comme des soignants.