C'est aujourd'hui le secteur de l'aide à domicile qui monte au créneau. En cause, une inquiétude croissante quant à la faible augmentation des rémunérations.
Il faut sauver le secteur du domicile
150 millions en 2021 pour financer des hausses de salaire, 200 millions en 2022, qui doivent être abondés par les départements. « Personne n'y croit » lance un brin ironique Christian Cecchettani, directeur général de l'APASAD, lors de la conférence de presse initiée par l'AD-PA ce jeudi 22 octobre. Un constat inquiétant qui marque à la fois un ras le bol de la non-reconnaissance du secteur et une défiance évidente à l'égard du gouvernement.
« Nous voulons une harmonisation des financements de la dépendance au niveau national, que les Ehpad et le domicile bénéficient des mêmes traitements », ajoute Pascal Champvert, Président de l'Ad-PA. « Et on est très loin du compte. Pour sauver le secteur de l'aide à domicile, il faut que l'Etat débloque 800 millions, et non s'en remettre au bon vouloir des départements dont certains ont certes mis en place une véritable politique gérontologique mais cela reste aléatoire ».
Et d'insister sur des traitements différents. Les personnels hospitaliers et les professionnels d'Ehpad ont bénéficié de la prime Covid, « ce qui n'est pas le cas dans les services à domicile. Le Ségur de la Santé ne les concerne pas non plus ». L'Etat organise la distorsion de concurrence entre les soignants. « Avec une augmentation de 183 euros, à laquelle une nouvelle augmentation devrait s'ajouter en 2021, comment pouvons nous résister ? » commente Christian Cecchettani. Pourtant, l'ambulatoire se développe. Qui s'occupe des plus âgés lorsqu'ils rentrent chez eux après une hospitalisation ? Comment les 200 millions d'euros annoncés par Brigitte Bourguignon, soit une augmentation de 6%, peuvent-ils répondre aux besoins « alors même que les auxiliaires de vie ne touchent généralement pas même le smic car elles travaillent à temps partiel », s'indigne Rodolphe Léliard, responsable d'un service à domicile. « Une aide à domicile est toute sa vie au smic car le smic augmente plus vite que les grilles de salaire. C'est inacceptable ».
La société ne voit pas le domicile
Là encore un constat inquiétant. « L'Ehpad se voit car il y a des murs, le secteur du domicile ne se joue que sur du lien et de la relation », ajoute Pascal Champvert. Pourtant la Covid a permis de bénéficier d'une certaine reconnaissance. Le secteur rencontre aujourd'hui de graves difficultés à recruter. « On n'a personne à recruter », confirme Rodolphe Léliard. « Qui va prendre en charge la personne âgée aujourd'hui ? La situation est catastrophique. La machine tourne à vide. On a un volant de personnes à aller chercher en reconversion car il existe des dispositifs financés par l'Etat mais nous n'identifions pas les professionnels à former. »
Des mesures urgentes
L'AD-PA en appelle donc à la responsabilité de l'Etat et lui demande :
- d'assurer l'effectivite? du versement de la prime COVID dans tous les de?partements et à hauteur de celles des e?tablissements
- d'accorder des revalorisations salariales e?quivalentes à celles des salarie?s des e?tablissements, tous statuts confondus
- d'agre?er dans l'imme?diat les avenants 43 et 44 de la convention collective de la branche de l'aide à domicile pour impulser une dynamique à l'ensemble du secteur
- de prendre en charge les surcou^ts mate?riels et RH dus à l'e?pide?mie
- de mettre fin aux jeux de pouvoir entre E?tat et De?partement
- de mettre en place un financement pe?renne du secteur (30 €)
- de mettre en place un dispositif de formation initiale et continue avec le concours des Conseils re?gionaux.