David Gruson a été nommé, le 15 février dernier, délégué général de la Fédération Hospitalière Française qui représente 1000 établissements publics de santé et pèse 54% du nombre total d'EHPAD français. La FHF est aussi organisatrice des salons GerontHopitalExpo.
"Il y aura une visibilité forte du grand Age sur le salon"
Pendant votre parcours professionnel vous êtes-vous intéressé au médico-social ?
J'ai commencé ma carrière comme directeur du centre gérontologique au Kremlin-Bicêtre avec des USLD et des SSR et je me suis plus occupé de la prise en charge des personnes âgées et du handicap que du sanitaire. Ma thèse portait sur le droit médical sur les enjeux du principe de séparation entre le droit sanitaire et le droit médico-social dans la prise en charge des personnes âgées à l'hôpital (en 2004). Ensuite j'ai été directeur du CHU La Réunion, magistrat à la cour des Comptes puis conseiller technique à Matignon.
J'incite les établissements accueillant des personnes âgées et handicapées à prendre toute leur place dans la fédération, à la fois dans les fédérations régionales et dans les instances nationales. Nous allons constituer un pôle dédié à ces questions dans la délégation générale de la fédération.
Actuellement qui porte les projets des régions ?
Avec Annie Lelièvre, responsable du secteur médico-social, nous essayons de donner plus de visibilité au médico-social dans l'organisation et nous allons mettre en place des travaux thématiques sur la place des établissements médico-sociaux dans les futurs groupements hospitaliers de territoire, lesquels sont un chantier de transformation majeur sur le terrain. Par ailleurs nous allons préparer la plateforme de propositions de la FHF pour la prochaine élection présidentielle avec un pilier important sur les personnes âgées et le handicap, en abordant aussi le sujet plus transversal des parcours de prise en charge de ces personnes.
Certains directeurs d'EHPAD sont très inquiets d'être intégrés dans des GHT à dominante sanitaire ?
La Fédération, qui représente l'ensemble du champ sanitaire et médico-social, veille à ce que les établissements qui font le choix d'adhérer directement aux GHT soient écoutés, représentés et qu'ils y trouvent un intérêt. Nous ne sommes pas dans un discours de contrainte vis-à-vis de ces établissements - l'adhésion est prévue par la loi comme une option.
L'autre révolution c'est la territorialité. Certes il est important que les acteurs hospitaliers se fédèrent en GHT mais il faut aussi couvrir l'ensemble des champs de prises en charge sanitaires et médico-sociales, en lien avec les professionnels de ville pour avoir une approche globale sur un territoire donné.
Certains préconisent plutôt de participer à un GCSMS ?
Adhésion directe ou passage par un GCSMS : il n'y a pas de passage obligé. Il y a une logique d'intérêts partagés. Ceux qui font le choix de l'adhésion directe en perçoivent le sens et l'intérêt par rapport à leur projet.
Quel recours pour les mécontents ?
Ils auront recours à leur fédération régionale ou nationale. Sur le terrain cela a du sens de regrouper les plateaux techniques hospitaliers sur des unités plus larges mais cela a aussi du sens d'avoir des adhérents au GHT en proximité pour la prise en charge des personnes âgées face aux défis du vieillissement et de la montée des troubles neuro-dégénératifs. C'est bien d'avoir une offre globale à l'échelle d'un territoire.
C'est parallèle au dispositif Paerpa ?
Le dispositif PAERPA est sur une échelle intéressante mais circonscrite, préfiguration d'une approche territorialisée et personnalisée. Avec la révolution du GHT, il faudra insérer en base ces parcours dans tous les territoires. C'est pour nous un double défi d'identification et de structuration d'un réseau de délégués régionaux pour que chaque adhérent ait un référent médico-social.
Beaucoup d'établissements publics sont autonomes. Que deviennent-ils ?
Il y a dans le champ médico-social plus d'établissements que dans le champ sanitaire. La notion de territorialité doit amener à considérer la forme juridique de la structure comme une question subsidiaire. Qu'on soit intégré, autonome, en direction commune, la question est subsidiaire par rapport à la force du projet porté pour la prise en charge des personnes âgées et du handicap, à l'identification claire de ses thématiques et des structures qui l'identifient. D'ailleurs nous avons fait la proposition, dans le projet de dossier médical partagé des groupements, d'identifier un pilier médico-social qui puisse faire l'objet d'un mode de prise en charge et de pilotage adaptés. Ce n'est pas forcément l'établissement support qui a vocation à le porter, mais aussi des établissements pour personnes âgées qui se fédèrent pour piloter le dispositif en concertation avec les autres.
CPOM et EPRD sont aussi des incitations à mutualiser ?
C'est la première fois que le mot vieillissement apparaît dans le droit à un niveau législatif. Cela traduit une prise de conscience par le législateur du problème global. La loi introduit un certain nombre d'innovations. C'est une étape importante mais elle ne règle pas en totalité la question du vieillissement (financement de la dépendance, développement d'approches en parcours transversaux de prise en charge). La loi a aussi développé des outils de gestion innovants (CPOM, EPRD) qui donnent un cadre plus adapté aux structures cependant il nous faudra être attentifs à ce qu'il n'y ait pas de retard administratif qui pourrait avoir des conséquences importantes. Par exemple, pour les résidences autonomie puisque le mode CPOM déclenche un forfait destiné à la prise en charge de la prévention. Si le CPOM n'est pas déclenché rapidement, le forfait ne sera pas attribué.
Pour les prestations socle, si le linge personnel du résident ne rentre pas dans la couverture du prix d'hébergement il y aura un renchérissement de 3% du reste à charge pour les résidents. Si on extrapole cet exemple sur d'autres prestations, alors une bonne idée peut devenir une fausse bonne idée... il faudra suivre cela pour que l'esprit du texte initial (codification des prestations et lisibilité pour les résidents et leur famille) n'aboutissent pas à un effet paradoxal de sens contraire, c'est à dire un désengagement de certaines collectivités départementales du financement de la prestation de l'hébergement.
Quels sont les points forts du salon GerontHopitalExpo ?
2016 marque le retour en visibilité de la marque GerontHopitalExpo à laquelle les adhérents sont attachés. Il y aura une visibilité forte du grand Age sur le salon, dans l'organisation physique mais aussi dans l'organisation des conférences thématiques sur tous les sujets établis en concertation avec le secteur. Nous ferons la synthèse des propositions recueillies pendant les salons devant les instances de la fédération, à l'automne.