Une enveloppe de 10 millions d'euros devrait permettre de déployer, en 2018, davantage encore sur le territoire les expérimentations des dispositifs d'infirmières de nuit (IDE) en EHPAD. Ce mode d'accompagnement des résidents ne règle toutefois pas la question du manque de personnel le jour...
Infirmières de nuit en EHPAD : une solution utile mais pas la panacée
" Nous continuons à penser que la présence d'infirmières de nuit, soit physiquement présentes, soit immédiatement joignables et mobiles est une solution nécessaire et attendue par les habitants actuels et futurs des établissements " Dans un billet, Joseph Krummenacker, président de la Fédération nationale des associations et amis de personnes âgées et de leurs familles (Fnapaef) ajoute son grain de sel au débat et passe en revue les arguments du camp des sceptiques (notamment des syndicats de médecins coordonnateurs en EHPAD) face à cette solution.
Pour rappel, dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) 2018, une enveloppe de 10 millions d'euros devrait permettre d'élargir les expérimentations des dispositifs IDE de nuit en EHPAD. Cela s'inscrit dans la logique de l'une des préconisations de la mission " flash " de la commission des Affaires Sociales de l'Assemblée nationale qui a rendu ses conclusions le 13 septembre 2017. En effet, la députée Monique Iborra, rapporteure de la mission recommandait de " prévoir dans la budgétisation des établissements la présence d'un IDE la nuit en astreinte ou en poste ".
Comparer les dispositifs de nuit
Plusieurs Agences régionales de santé (ARS) ont engagé, ces dernières années, des expérimentations du dispositif IDE de nuit en EHPAD (selon des modalités différentes : de garde, d'astreinte ou de permanence). C'est le cas notamment en Ile-de-France, Auvergne, Pays-de-la-Loire, Grand Est, Champagne-Ardenne, Occitanie et récemment Nouvelle-Aquitaine. L'ARS Hauts-de-France devrait elle aussi lancer prochainement un appel à projet pour une expérimentation d'infirmiers de nuit en EHPAD, en astreinte mutualisée.
En septembre 2016, l'ARS Ile-de-France a mandaté Gerond'If - le gérontopôle d'Ile-de-France - pour réaliser une étude d'impact médico-économique de son dispositif expérimental d'IDE mutualisées de nuit en EHPAD sur l'amélioration du parcours de santé des personnes âgées. Cette évaluation devrait permettre d'établir les avantages de cette solution en comparaison avec d'autres modes d'accompagnement la nuit (astreinte téléphoniques, télémédecine, établissements d'hospitalisation à domicile (HAD), etc.).
Cette étude devrait se clore en juin 2018. Les résultats apporteront un éclairage certain sur l'intérêt ou pas de généraliser cette solution.
Combler le manque d'aides-soignants en journée
Pour sa part, Joseph Krummenacker espère que la " généralisation des astreintes de nuit des infirmières n'ait pas pour principales motivations d'éviter de financer des postes supplémentaires, de faire des économies sur les hospitalisations et de faire l'économie d'une réflexion approfondie sur l'organisation des soins en EHPAD "." La mutualisation d'infirmiers de nuit en EHPAD, ne doit pas faire oublier les besoins du terrain en aides-soignants de jour. C'est là, le vrai manque du secteur et la clé de nombreux problèmes. La réponse apportée pour la nuit ne semble pas pouvoir combler le manque d'aides-soignants en journée ", considère également la CFTC Santé Sociaux. Une revendication qui sera portée par l'ensemble des organisations syndicales (FO, CGT, CFDT, CFTC, UNSA, CGC, SUD) lors de la journée nationale de grève dans les EHPAD le 30 janvier.