Les résultats de l'enquête Odoxa réalisée pour le Cercle Vulnérabilités et Société sur le financement de la perte d'autonomie montrent que les Français veulent faire évoluer le modèle vers plus de responsabilisation individuelle et sociale.
Inquiets, les français anticipent la mise en place de sources de financement multiples
Cette enquête* révèle une grande inquiétude des Français, qui se traduit par une approche émotionnelle et un fort niveau d'attentes.
Plus de 92% des répondants jugent que la perte d'autonomie est une question de société importante. Elle constitue même pour 85% un motif de crainte. Son financement est placé dans les 4 premières priorités parmi les politiques publiques liées à la santé et à la protection sociale. Cette question témoigne d'un divorce dans l'opinion entre la gravité du sujet et le faible niveau perçu d'anticipation des politiques (dénoncé par 68% des Français).
L'enquête montre également un niveau important d'adaptation et de résilience qui autorise des changements éventuellement profonds du modèle de financement comme de prise en charge.
Parmi eux, on note :
- Le rejet des solutions reposant sur l'augmentation des prélèvements obligatoires actuels (66% opposés à l'augmentation des impôts progressifs, 83% opposés à l'augmentation des taxes à taux fixe), mais une ouverture à l'idée de taxer des publics ciblés (entreprises, certains types de comportements, etc.) ;
- Un financement principalement guidé par le principe de solidarité (46%) et d'égalité qui revêt une importance significative (36%). L'introduction d'une dose de proportionnalité (17%), en résonance avec l'affirmation de la responsabilisation individuelle, est plus faiblement envisagée de manière complémentaire ;
- L'acceptation d'un principe de réduction des dépenses de prise en charge, s'agissant notamment du remboursement dégressif des soins liés à la perte d'autonomie selon les revenus (64%) ou la mise en place de services de type low-cost moins cou^teux (63%) ;
- Un intérêt croissant pour les modèles de type prévoyance collective et individuelle et assurantiel (74% des Français valident la possibilité de contracter volontairement une assurance perte d'autonomie, isolée ou incluse dans les contrats de santé ; 59% sont favorables à une prévoyance individuelle obligatoire tout au long de la vie active).
- La montée en puissance de la responsabilisation au niveau personnel . Les Français considèrent que la question de la perte d'autonomie les engage directement et concrètement, ce qui se traduit par un intérêt accru pour les financements volontaires, mais aussi par une forte disposition à l'engagement solidaire (75% de la population est prête à accompagner quotidiennement un proche âgé dépendant et 46% à s'investir bénévolement pour des tiers).
3ème enseignement de l'enquête, les Français proposent des leviers d'actions utiles à l'élaboration de scénarios de financement, à envisager sous l'angle d'une réponse mixte.
- Levier d'action n°1 : ajustement du modèle de financement « classique », s'appuyant notamment sur l'élargissement à des dispositifs assurantiels et de prévoyance individuelle et collective.
- Levier d'action n°2 : une nécessaire évolution de la prise en charge de la perte d'autonomie pour optimiser la dépense globale .
- Levier d'action n°3 : instauration d'une forme de Service Universel de prise en charge de la perte d'autonomie, permettant d'offrir un niveau de couverture minimal que chacun est à même de compléter individuellement .
- Levier d'action n°4 : accroissement de l'engagement personnel, notamment en améliorant la situation des aidants, en incitant les familles à mobiliser leurs ressources, et en encourageant l'écosystème de proximité des personnes âgées en perte d'autonomie.
Quels que soient les leviers actionnés, et le scénario retenu in fine, une politique d'investissement dans la recherche et l'innovation technologique et sociale (levier transverse) devrait être favorisée, approche jugée comme la plus à même de répondre à l'enjeu de la perte d'autonomie par 43% des Français.