Prévenir et prendre en charge les troubles cognitifs.
Jennifer Benattar - Exostim
Qui êtes-vous ?
Jennifer Benattar, 36 ans. Maman d'une petite fille de bientôt 5 ans, Directrice du développement pour ExoStim, membre du conseil National de la Silver Économie et de l'OIR PACA.
Quel est votre métier ?
Difficile de donner une fonction exacte... Directrice du développement pour une société innovante comme ExoStim, c'est apprendre chaque jour de nouvelles tâches et échanger avec des interlocuteurs tous différents.
ExoStim, c'est une réponse à un enjeu de Santé Publique. La prévention et la prise en charge cognitive adaptée. Aujourd'hui présent dans les Ehpad, ExoStim sera bientôt disponible à domicile. Les objectifs sont de rassurer, dépister et traiter.
Ne disposant pas (encore !) de départements bien distincts comme certaines grandes entreprises, je travaille sur plusieurs sujets transversaux : le développement humain, commercial et technologique, la coordination des partenariats avec la recherche (CNRS) et la communication externe. L'objectif pour 2021 est de poursuivre la composition d'une équipe pluridisciplinaire qui partagera nos valeurs humanistes.
Ma mission dépasse mon entreprise et son produit. Cette utilité sociale est pour moi un accomplissement personnel et professionnel. C'est une réflexion de tous les instants qui permet de s'interroger sur soi-même et son propre vieillissement.
Comment voyez-vous évoluer le secteur du vieillissement ?
Si ça ne tenait qu'à moi, j'aimerais que ce secteur devienne plus dynamique, que la prévention soit le maître mot, que les vieux soient actifs, continuent de travailler s'ils le souhaitent, bref qu'ils fassent ce qu'ils veulent quand ils le veulent ! Que chacun trouve du sens à sa retraite. Et qu'on n'utilise plus ce terme de retraite d'ailleurs !
Mais... Le secteur du vieillissement signifie bien trop souvent, "Arrêter d'être utile, pire devenir un poids !"
Nous sommes convaincus de l'intérêt des actions locales, de territoire, mais je peine à imaginer une issue plus rapide et pérenne tant que nous n'aurons pas le soutien des tutelles au niveau national. Une prise de conscience est là ! Beaucoup d'acteurs émergent dans ce secteur. le terrain bouge. En revanche "là-haut", l'heure est encore à la réalisation de rapports, la concertation, pendant que nous continuons tous de vieillir ! (eux aussi d'ailleurs!)
Néanmoins, je tente de voir le verre à moitié plein, car lors de cette fameuse année charnière, en 2050, j'aurai 66 ans et j'espère bien être actrice de la cité, et je ne suis pas la seule. Il va donc falloir composer avec nous qui représenterons une part significative de la population ! "Les graines d'un vieillissement en bonne santé se sèment tôt", disait Kofi Annan.
Y a t-il une valeur spécifique à être une femme dans ce secteur ?
Un plus non. Du mieux oui ! Tant que nous sommes complémentaires pour le secteur du vieillissement, moi ça me va ! Le simple fait de pouvoir témoigner pour I2mElles, est stimulant aujourd'hui car cela prouve que nous pouvons nous organiser de manière collective. Mais j'ai parfois l'impression que si j'étais un homme, certaines portes se seraient ouvertes plus rapidement. Cela aurait permis à ma mission d'utilité publique d'être entendue plus tôt.
Devoir concilier vie de famille, carrière professionnelle, et tenter de penser un peu à soi n'est pas une mince affaire. (Et je ne parle même pas de télétravail avec enfant à la maison !). Être une femme dans ce secteur, c'est apporter cette touche "maternaliste", de don de soi et de réelle bienveillance.
Qu'elles soient aidantes, aide-soignantes, auxiliaires de vie, médecin, ou directrice générale, elles sont au front chaque jour et nous l'avons d'autant plus constaté lors de cette année 2020. Et ce combat qu'elles mènent au quotidien pour les autres passe bien souvent avant leurs propres besoins.
Démographiquement, on constate une proportion de veuves plus élevée que de veufs, idem pour les aidantes... Il est donc indispensable que les femmes puissent réfléchir à la suite. La femme, elle en aurait des choses à dire ! Mais c'est l'homme qui est bien souvent en représentation.
Nous ne recherchons peut-être pas les mêmes choses... Car cela fait un moment que les femmes n'ont plus rien à prouver...