Perquisitions du siège et de directions régionales par 200 gendarmes, grève inédite, et publication détaillée de l'audit des deux cabinets qu'il a missionnés, le groupe Orpea ne quitte pas les feux de la rampe.
Jours orageux pour Orpea, la saga continue
Une quinzaine de perquisitions ont eu lieu le 8 juin au siège d'Orpea à Puteaux dans les Hauts-de-Seine et dans plusieurs de ses directions régionales avec plus de 200 gendarmes mobilisés dans le cadre de l'enquête ouverte le 28 avril sur des soupçons de maltraitance institutionnelle et d'infractions financières dans ses Ehpad.
Par ailleurs, sollicité par l'AFP, le parquet de Nanterre a confirmé qu'Orpea avait bien déposé plainte contre X suite notamment aux révélations de Médiapart sur les agissements suspects d'une société luxembourgeoise. Une enquête distincte a été ouverte pour abus de biens sociaux.
Enfin, visé par une enquête pour « délit d'initié », l'ancien directeur général Yves Le Masne, limogé fin janvier, a été entendu par le Parquet national financier le 7 juin. Il aurait revendu en juillet 5 456 actions du groupe pour 588.000 euros immédiatement après avoir appris la parution prochaine du livre-enquête de Victor Castanet.
Sur le front social, et à l'appel de la CGT, près de 50 Ehpad (sur 229), selon la CGT, ont été en grève le 3 juin pour dénoncer le non-versement en 2022 de la prime d'intéressement. Inédit ! La direction a proposé, sans convaincre, le versement de la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat (Pepa), dite aussi prime Macron, de 1 000 euros par salarié, mais cette prime est en attente de renouvellement par un nouveau décret.
« Comportements fautifs » et « dysfonctionnements »
Orpea a par ailleurs rendu publique mercredi une partie des conclusions définitives d'un audit externe dont il avait lui-même annoncé qu'il confirmerait des « comportements fautifs » et des « dysfonctionnements ». Le groupe avait confié aux cabinets Grant Thornton et Alvarez & Marsal une mission indépendante d'évaluation sur « les allégations » formulées dans l'ouvrage Les Fossoyeurs avec quatre thématiques :
- 1- Les conditions de prise en charge des résidents ;
- 2- L'usage de fonds publics ;
- 3- L'existence de situations de conflits d'intérêts, voire de corruption dans les relations d'affaires existantes entre Orpéa et certains agents publics ;
- 4- Les divers manquements sur le volet social.
Après avoir publié le 26 avril un point d'étape, il a mis en ligne une synthèse de ses conclusions définitives sur deux thématiques :
- L'usage de fonds publics ;
- Les relations commerciales avec des tiers et notamment certains agents publics.
A noter que malgré les rapports, enquêtes, auditions qui corroborent l'essentiel de « Les Fossoyeurs » Orpea continue de parler d'« allégations », terme employé le plus souvent dans le sens péjoratif d'affirmations non fondées - et non d'accusations ou d'écrits par exemple... La mission épluche l'ouvrage de Victor Castanet en des dizaines d'« allégations », parfois citation par citation, auxquelles elle répond dans le détail...
Concernant la prise en charge des résidents des Ehpad et les manquements sur le volet social, les conclusions définitives seront « portées à la connaissance du public, dans le même format et selon les mêmes modalités, dans les meilleurs délais suivant leur communication à la société au plus tard à la fin du mois de juin ».