Depuis quelques années maintenant se développe une concertation pour améliorer la qualité des bâtiments, les matériaux utilisés et l'aménagement de l'espace en EHPAD. Le but : faciliter la circulation des personnes souffrant de troubles sensoriels ou désorientées et proposer des alternatives apaisantes et rassurantes.
L'architecture, maître mot du bien vieillir
Dans le cas de déficiences physiques, la perte de mobilité se traduit souvent par une restriction des accès aux différents espaces de vie. L'adaptation des bâtiments devient dès lors un enjeu capital. Mais l'aménagement et la création de repères, la réflexion autour des couleurs et de la circulation favorisent également la perception des lieux, de leurs fonctions et de leurs usages. De nombreux travaux ont été réalisés par des groupements d'architectes, à l'instar du CAUE28 1, qui propose aux personnels d'encadrement, maires, architectes, professionnels du grand âge..., une réflexion construite autour de l'aménagement de l'EHPAD. Pour Jean-Noël Pichot, son directeur, " il s'agit d'une action de sensibilisation. Nous sommes en effet soucieux de mettre nos réflexions et connaissances au service du plus grand nombre. L'ouvrage " L'architecture et les personnes âgées " édité en octobre 2014 remporte d'ailleurs un vif succès et nous allons devoir le réimprimer ".
Le couloir, une circulation inévitable
Source d'anxiété, le couloir de l'EHPAD n'est pas toujours propice à une déambulation apaisée. Comme le souligne le CAUE28, " le couloir peut être supprimé, en intégrant des circulations aux pièces de vie commune. Il peut aussi devenir un lieu de vie à part entière, se dilatant pour offrir des espaces de repos, des dégagements devant la porte des logements, des paliers et des espaces devant les ascenseurs -lieux de rencontres privilégiés- suffisamment confortables ". Pour l'Agirc-Arrco, il est nécessaire de structurer visuellement les espaces de circulation. On peut notamment utiliser les contrastes entre les différents éléments du bâti (sol/mur ; portes/murs) mais aussi entre les équipements et leurs supports : mains courantes, interrupteurs ou protections d'angles se détachant du mur.
De la lumière et de la couleur
Chaque espace revêt, sous l'oeil aguerri de l'architecte, une fonction qui lui est propre. Les espaces collectifs (salle à manger, salon...) sont suffisamment confortables, aérés et ouverts pour stimuler l'échange et la vie sociale. La lumière naturelle y est fondamentale, notamment pour les personnes souffrant d'une baisse d'acuité visuelle. Si elle ne doit pas être éblouissante, elle favorise les repères temporels. Elle peut être complétée d'éclairages parallèles. Au restaurant par exemple, il est intéressant de " combiner un éclairage d'ambiance par des appliques (lampes fluorescentes à 2700°K) et un éclairage général et dirigé vers les tables par des luminaires situés au-dessus. On recommande un niveau d'éclairement de 300 lux sur les tables "2.
La couleur en jouant sur les émotions crée des atmosphères spécifiques. Le jaune, l'orange et le rouge stimulent et excitent. Le bleu ou le vert sont plus propices à l'apaisement. Mais évitez les tons pastels, plus difficiles à distinguer en cas de troubles visuels.