Depuis une dizaine d'années, l'art-thérapie se développe au sein des EHPAD. Cette approche proposée aux résidents requiert néanmoins une formation et un encadrement.
L'art-thérapie : un renouveau pour les résidents d'Ehpad
« L'art-thérapie est une conceptualisation qui place le sujet en créateur dans l'expression artistique afin qu'il le soit davantage dans sa propre vie, explique le Pr Jean-Pierre Klein, psychiatre honoraire des hôpitaux, fondateur et directeur de l'Institut national d'expression, de création, d'art et thérapie (Inecat). Elle permet de travailler indirectement sur soi. » Cette forme de psychothérapie utilise la création artistique (dessin, peinture, théâtre, danse, écriture) à des fins thérapeutiques. « C'est un moyen de s'adresser à la sensibilité d'une personne, afin de l'aider à rebondir sur ses contraintes et ses empêchements », ajoute le Pr Klein. Elle s'applique donc parfaitement aux résidents d'EHPAD, ainsi qu'aux personnes en fin de vie.
Mobiliser les forces vives
L'art-thérapie permet le recours à la création comme processus de transformation reposant à la fois sur l'atelier en tant que tel, sur l'accompagnement et sur la production. La progression dans la création et son analyse par l'art-thérapeute, indispensable pour l'accompagnement des résidents, démontrent les capacités de chacun à évoluer. En EHPAD, « les résidents sont les objets de leur "malheur" et par l'intermédiaire de l'art-thérapie, ils deviennent auteurs, souligne le Pr Klein. Ce moyen d'expression leur permet de ne pas laisser gagner la maladie, la vieillesse, de montrer qu'ils existent encore et de "se réintégrer" comme individus pensants. » Cette approche mobilise leurs forces vives. Par ailleurs, l'art-thérapie s'exerce de façon autonome même en collectif et « il peut être intéressant de travailler avec les soignants, de les associer à une création artistique par exemple, à la réalisation de fresques, pour favoriser un moment de partage avec les résidents », conseille le Pr Klein, qui encourage également l'organisation de séances strictement dédiées aux soignants, afin qu'ils puissent décompresser et témoigner de leur vécu.
Une formation indispensable
Tous les artistes ne peuvent pas se revendiquer art-thérapeutes, car tous ne possèdent pas la capacité d'accompagner l'autre. « Ils doivent disposer de données de psychologie et d'anthropologie pour exercer », informe le Pr Klein, qui revendique d'ailleurs l'encadrement de cette médecine alternative et complémentaire pour lutter contre d'éventuelles dérives. « Certaines écoles proposent des formations en dix jours à l'art-thérapie, ce n'est pas possible », soutient celui qui est récemment devenu expert au sein de l'Agence des médecines alternatives et complémentaires (A-MCA). « Les diplômes et titres professionnels délivrés doivent être inscrits au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) pour attester du sérieux de la formation, comme c'est le cas à l'Inecat. Cette pratique offre un renouveau dans les soins, son déploiement doit être accompagné. »