Au sein du groupe Korian, l'apprentissage a le vent en poupe. Témoignage de l'EHPAD La Pompignane à Montpellier.
« L'EHPAD peut être un centre d'apprentissage en tout honneur »
« Ouvrir l'établissement sur l'apprentissage c'est être partie-prenante du futur des soignants qui viendront travailler chez nous, participer à la formation de nos aides-soignants de demain ». Directrice de l'EHPAD La Pompignane à Montpellier (Hérault), établissement de 130 places du groupe Korian, Nelly Royo accueille quatre apprentis aides-soignants par an, et ce depuis quatre ans. Une expérience qui à ses yeux comporte de nombreux bénéfices aussi bien pour les jeunes que pour l'établissement lui-même. « Les jeunes qui viennent en apprentissage sur le métier d'aide-soignant ont réussi le concours mais sont sur liste d'attente. L'apprentissage est donc une opportunité pour eux de pouvoir faire la formation sans avoir été pris dans le quota d'élèves soignants de l'année. Cela leur fait connaître directement le monde du travail car ils sont inclus dans les équipes, ils participent comme des salariés, au fur et à mesure de leur progression. On a essayé l'an dernier de prendre un apprenti sur la cuisine mais la personne est partie en cours de route pour des raisons personnelles. La résidence a également accueilli des apprentis en master 2 gestion des établissements de santé. L'actuelle adjointe de la directrice était d'ailleurs apprentie en master 2 il y a trois ans dans l'établissement. »
Organiser l'accompagnement
Nelly Royo insiste sur la nécessité de penser l'organisation interne en amont pour assurer l'accueil, mettre en place le tutorat pour le suivi des apprentis. « L'IDEC doit être partie prenante de ce projet. Cela ne peut pas être que le choix du directeur et de la directrice. Il faut penser à une organisation interne en amont pour que les apprentis soient vraiment présentés comme des apprentis et non pas comme du personnel en plus. Ces jeunes bacheliers n'ont pas d'idées préconçues sur les métiers de l'accompagnement, pas d'a priori sur les EHPAD. Ils arrivent neutres et se montrent très curieux, très participatifs. Il ne faut pas se louper sur les premiers mois de l'accompagnement car ils sont en phase de découverte. Même s'ils sont salariés de l'entreprise, ils restent des apprentis, en formation, qui ont besoin dans un premier temps d'acquérir de l'expérience. » Pauline Coccetta, cadre de santé de l'EHPAD La Pompignane explique que l'apprenti doit être présenté comme un salarié à part entière auprès des équipes, pour favoriser son intégration. Des soignants formés au tutorat au sein de la Korian Académie les suivent sur le terrain afin d'adapter le fonctionnement à leur progression.
« Certains soignants sont anciens dans l'établissement et ce tutorat est valorisant pour eux. Ils sont fiers de transmettre les bonnes pratiques, leurs savoirs », ajoute-t-elle. Les soignants qui assurent ce rôle de tuteur bénéficient également d'une compensation financière au regard de l'investissement fourni en plus de leurs missions habituelles auprès des résidents.
Revaloriser les métiers
« Chaque apprenti avance à son rythme et de façon différente d'où l'importance d'établir un bilan et un suivi une fois par mois. Des missions leur sont données au fur et à mesure de leur progression. De septembre à juin, ils sont en double avec leur tuteur sur des postes et à partir de juillet, on leur donne de l'autonomie », explique Nelly Royo.
A l'heure où les métiers du grand âge peinent à attirer et à recruter, la formation par la voie de l'apprentissage apparaît comme une voie possible pour redonner un souffle au secteur. « L'EHPAD est un centre d'apprentissage remarquable. Il est en lien permanent avec les responsables d'apprentissage, les responsables de centre de formation des apprentis [CFA]. En réponse à la mauvaise presse que tous les EHPAD subissent et à la dévalorisation dont souffrent nos métiers, cela peut nous aider à montrer l'implication et le professionnalisme des équipes qui y travaillent. Plus on ouvre les établissements à la formation, aux écoles, plus on démontrera, en toute transparence, que l'accompagnement de nos résidents est de qualité », juge la directrice de l'établissement montpelliérain