Elles y ont cru un court moment. Mais finalement, l'intersyndicale du secteur de l'aide aux personnes âgées et l'AD-PA, venues déposer à l'Élysée 30 000 cartes pétitions et 600 motions ont trouvé portes closes. Faute d'un rendez-vous prochain avec la présidence de la République, un appel à la grève nationale dans les EHPAD pourrait être lancé.
L'Élysée refuse de recevoir l'intersyndicale des EHPAD et du domicile
Les dix organisations syndicales du secteur de l'aide aux personnes âgées* et l'AD-PA n'ont pas été reçues, ce 21 février, à l'Élysée.
Après une demande d'audience auprès du président de la République formulée à trois reprises par courrier -dont le dernier date du 11 février- mais restée sans réponse, l'intersyndicale et l'AD-PA avaient prévu de remettre au palais présidentiel « plus de 600 motions et plus de 30 000 cartes pétitions qui sont l'expression de l'attente, de l'exaspération de nos collègues, des familles et des résidents face à une situation qui n'est plus tenable », a expliqué Luc Delrue, infirmier et secrétaire fédéral FO Santé.
Si au départ quatre représentants de la délégation étaient autorisés à remettre l'ensemble de ces documents, le service de sécurité de l'Élysée a finalement gardé portes closes en raison, selon les syndicats, de la présence des caméras de France Télévisions.
Alors que Dominique Libault, pilote de la concertation « Grand âge et autonomie » devrait rendre son rapport dans les prochaines semaines, que le grand débat national lancé le 15 janvier par Emmanuel Macron en réponse au mouvement des gilets jaunes se poursuit, l'intersyndicale et l'AD-PA ont martelé, lors d'un point de presse organisé Place Chassaigne Goyon, dans le VIIIe arrondissement, non loin de l'Élysée, leur volonté d'obtenir « des mesures immédiates » pour le secteur du grand âge. Leur impatience est d'autant plus forte qu'ils ne notent aucune avancée concernant leurs revendications, notamment sur la hausse des effectifs et des salaires, une année après les journées nationales de mobilisation des personnels des EHPAD et des services d'aide à domicile, du 30 janvier et 15 mars 2018.
"Le compte n'y est pas"
« Concrètement dans les établissements et les services à domicile, il n'y a pas eu de différence par rapport à l'an dernier, si ce n'est la suppression des contrats aidés. Le compte n'y est pas. Le grand débat lancé par le président de la République est positif mais on va avoir des réponses début mars. Il pourrait y avoir un projet de loi [Grand âge] qui serait voté en fin d'année ou début de l'année prochaine et qui donnerait des effets dans deux ans. Cela, ce n'est pas possible, il y a des choses qui doivent changer dès maintenant dans les établissements », a insisté Pascal Champvert, président de l'AD-PA, « si rien de concret ne change cela signifiera que le grand débat était un moyen de gagner du temps. » « Une concertation « Grand âge » a été lancée et elle est très certainement préfiguratrice des résultats du grand débat national. Un certain nombre de salariés du secteur sont concernés. Les retraités sont concernés qui se sont vu à la fois appliquer l'augmentation de la CSG [contribution sociale généralisée] et qui vont continuer à avoir des coûts insupportables en établissement et de plus en plus à domicile. Cela a une vraie incidence sur leur pouvoir d'achat. Il est extrêmement important de montrer que quand on lance une grande concertation, il en débouche des pistes concrètes pour le quotidien », a ajouté Romain Gizolme, directeur de l'AD-PA, tout en rappelant qu'ils réclament un doublement du nombre de salariés dans les EHPAD, pour un coût estimé à 10 milliards d'euros par an.
Ultimatum
« Ne pas recevoir une délégation de dix organisations syndicales et de l'AD-PA apparaîtrait pour l'ensemble des salariés qui travaillent dans les 7500 maisons de retraite et les services à domicile comme une provocation supplémentaire d'un gouvernement qui refuse de répondre aux revendications. On ne se paiera pas de mots. Sur les cartes pétitions et motions, il y a 4/5 revendications claires, nettes et précises. S'il n'y a pas de réponse, s'il n'y a pas de signes notables, nous serons obligés de mettre en oeuvre ce que nous disons depuis plusieurs semaines. Nous n'aurions pas d'autre solution que d'appeler à la grève dans l'ensemble du secteur de l'aide aux personnes âgées. Nous lançons d'un certain point de vue un ultimatum au gouvernement, à Monsieur Macron. Recevez-nous sinon vous savez à quoi vous attendre. Les personnels attendent une réponse aujourd'hui ! », a averti Luc Delrue (FO). Mais, ce ne fut pas le cas...
Après cet échec, l'intersyndicale s'est réunie, dans l'après-midi, et a décidé d'adresser un courrier à l'Élysée pour demander à nouveau une audience. Dernière tentative de rendez-vous avant un appel à une nouvelle grève nationale des professionnels en EHPAD et de l'aide à domicile ? Les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires ont d'ores et déjà appelé le personnel du secteur du grand âge à se joindre à la mobilisation interprofessionnelle, prévue le 19 mars.