La rentrée sociale 2020-2021 est des plus agitées. Pour preuve, le panorama inquiétant dressé par Patrick Doutreligne, président de l'Uniopss, lors de sa traditionnelle conférence de septembre, appelant à prendre des décisions, maintenant.
L'heure des choix, maintenant, alerte l'Uniopss
La crise de la Covid-19 a frappé de plein fouet l'ensemble du secteur social, avec des conséquences pour les populations modestes, mais aussi les pouvoirs publics et la société toute entière, tant sur le plan des modes relationnels entre professionnels que du quotidien de la nation.
Si Patrick Doutreligne, président de l'Uniopss, estime malgré les hésitations du début, que l'Etat « a permis la multiplication des initiatives pour tenter d'absorber les chocs économiques qu'allaient entrainer le confinement et l'arrêt brutal des activités », il reste toutefois très inquiet sur l'éventuel « monde d'après ».
L'enseignement majeur de cette crise nous invitait à privilégier le vivre-ensemble et la solidarité. Or, la dimension économique reprend le dessus. Elle est posée comme une priorité qui retient toute l'attention des politiques. Si l'emploi est essentiel, il faut repenser le modèle social, inclusif, par des politiques structurelles, en y associant le tissu associatif, qui a démontré une capacité d'adaptation et d'innovation exceptionnelles, en contact permanent avec les populations, dans les champs du handicap, du grand âge, de l'enfance, de la lutte contre l'exclusion...
Le champ de l'âge, un cas d'école
L'année 2020 devait être celle de la loi Grand âge et autonomie.
Mais entre les les mouvements sociaux et la crise Covid, les chantiers ont cédé la place aux notes, consignes, élaboration de guides.
« Cette crise a révélé une méconnaissance profonde des pouvoirs publics, des ARS, du rôle joué par le secteur médico-social, l'engagement des professionnels et la nécessité de rénover ce système en profondeur », ajoute l'Uniopss. « Pour les médias, le secteur médico-social s'est limité aux Ehpad. Or le domicile a joué un rôle fondamental. » Et de craindre, en cas de seconde vague, le désinvestissement des professionnels épuisés, et découragés par le manque de reconnaissance. « On observe aujourd'hui une fuite des personnels, complète Jérome Voiturier, directeur général de l'Uniopss, notamment vers le secteur public qui bénéficie d'une augmentation salariale de 183€ net. Les directeurs d'Ehpad s'inquiètent d'une vague de démissions de personnels qu'ils n'arriveront pas à remplacer, fragilisant encore davantage les équipes et les structures ».
Si la création de la 5è branche et la nomination d'une ministre déléguée à l'autonomie sont des signes intéressants, l'ensemble du secteur reste toutefois prudent. « La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020 s'est montrée très décevante », n'annonçant rien de déterminant et ne présentant aucune mesure claire pour la réforme Grand âge.
Pourtant tous les rapports comme les hypothèses sont sur la table, ont été analysées (Rapports Libault, El Khomry, Dufeu-Schubert, Piveteau, Vachey, Laroque de l'autonomie...). Maintenant il faut décider et trancher. Car le secteur de l'accompagnement et de l'aide à domicile a besoin de moyens à la hauteur des ambitions annoncées.