Réduire la douleur chronique et les troubles anxieux pour soulager le quotidien des résidents, tel est l'objectif de la démarche initiée depuis un an au sein de l'EHPAD La Maison du Parc, un établissement du groupe Adef Résidences situé à Paris dans le 13è arrondissement. Explications.
L'hypnose thérapeutique pour réduire la douleur
Cette réflexion autour des pratiques non médicamenteuses est née il y a déjà plusieurs années. « Pour que l'Ehpad soit un lieu de vie bienveillant, nous voulons y développer des alternatives variées et complémentaires », explique le Dr Françoise Guillemette, gériatre et médecin coordonateur. « Aromathérapie, ostéopathie, consultations d'hypnose, couplées aux dispositifs plus connus tels que Snoezelen ou Humanitude, font partie d'une démarche globale. »
Avec l'aide du Dr Grégory Tosti, médecin spécialiste de la douleur à l'hôpital Ambroise Paré, formé à l'hypnose thérapeutique, l'établissement décline deux propositions : l'hypnose formelle qui consiste à proposer des séances réunissant praticien et patient, et l'hypnose conversationnelle qui permet aux soignants d'apaiser les résidents lors d'un soin d'hygiène angoissant ou douloureux.
Former tous les personnels
« Pour ce faire, nous sommes en train de former l'ensemble des soignants de l'établissement », explique Françoise Guillemette. « Il s'agit de les outiller pour les aider par exemple à rendre une toilette moins anxiogène. Aujourd'hui 15 personnes sont déjà formées : l'infirmière coordinatrice, le psychologue, l'ergothérapeute, le psychomotricien qui suit en parallèle une formation d'hypnothérapeute pour devenir référent dans l'établissement... Mais l'objectif reste bien d'intervenir auprès de tous les infirmiers, AMP et aides-soignants pour les aider dans les soins potentiellement douloureux, y compris auprès des personnes souffrant de troubles troubles psycho-comportementaux pour lesquels l'hypnose est encore peu utilisée à ce jour. »
Des résultats prometteurs
« Les résultats sont en cours d'étude, mais nous pouvons d'ores et déjà dire que grâce à l'hypnose conversationnelle, nous observons une baisse de l'anxiété, y compris dans les unités protégées », rapporte le Dr Tosti. « En hypnose classique, 62 séances ont été réalisées pour des indications d'anxiété ou de douleur chronique, et on observe en outre une baisse significative des plaintes douloureuses. Nous étudions également le lien entre troubles cognitifs, profondeur de l'hypnose et résultats thérapeutiques obtenus. L'hypnose produit-elle un effet antalgique ? Quelle est sa durée ? L'effet est-il dépendant des troubles cognitifs ou non ? Mais l'évaluation de ce type de pratique est difficile. D'autant que nous travaillons sur un public spécifique pour lequel les réponses et la façon de vivre l'expérience sont différents d'autres types de population. Il est en effet difficile de maintenir l'attention. Cela oblige à adapter l'hypnose, à établir un contact permanent avec la personne, qui vit l'expérience hypnotique de façon plus fluide, plus instable. »
Devant les bons résultats obtenus, le groupe envisage de solliciter les ARS pour obtenir de nouveaux financements et déployer ainsi son dispositif. « Car l'hypnose comme thérapie non médicamenteuse met l'accent sur le lien thérapeutique et sert favorablement le projet de vie personnalisé », ajoute Françoise Guillemette. « Or notre mission est bien de soulager les personnes que nous accueillons, en humanité ».