La réforme de la tarification des EHPAD, initiée sous le quinquennat Hollande, continue de mobiliser fortement la FHF, qui voit dans les mesures annoncées une lourde menace pour la qualité et la pérennisation du service public.
La Fédération hospitalière de France inquiète pour l'avenir des EHPAD publics
C'est lors de leur conférence de rentrée, ce mardi 29 août 2017, que Frédéric Valletoux, président de la FHF et David Gruson, délégué général, ont redit leur inquiétude face au financement des EHPAD publics. " Une grave crise se prépare. Nous la voyons se concrétiser mois après mois ", indique Frédéric Valletoux. La FHF, qui compte 2 500 EHPAD, est aujourd'hui très inquiète. Car la réforme devrait avoir des conséquences catastrophiques sur la qualité des conditions d'accueil des personnes âgées, les conditions de travail des professionnels et entraîner une perte d'attractivité dans un secteur déjà malmené, où l'on connait les difficultés de recrutement et le turn-over massif des personnels.
Une perte de 60 millions d'euros
La réforme de la tarification devrait entraîner pour le secteur public une perte de ressources liée à la baisse du forfait dépendance estimée à 200 millions d'euros. " Le ministère reste très vague sur ce sujet mais dit compenser cette perte en augmentant le forfait soin. Nous l'avons chiffré à 140 millions d'euros. Ce qui génère une perte nette de 60 millions d'euros ", ajoute David Gruson. Force est de constater que les 300 000 personnes âgées accueillies dans les EHPAD publics sont parmi les plus fragiles, de par leur état de santé, leur perte d'autonomie et leurs revenus modestes. " Elles sont pourtant les premières impactées par la mise en oeuvre de cette réforme, tonne la FHF. Ce dispositif met donc en place une convergence public/privé sans précédent et opère bien un transfert massif des ressources du public vers le privé. " Mais la FHF n'entend pas en rester là et devrait prochainement installer un comité de suivi sur le sujet pour faire émerger des situations concrètes.
Les emplois aidés, une manne humaine qui s'envole
De même du côté des emplois aidés, qui suscitent l'inquiétude des professionnels. Leur remise en cause promet d'être lourde de conséquences pour les établissements médico-sociaux. C'est un peu la double peine. " On compte aujourd'hui 25 000 emplois aidés dans le secteur public, dont la moitié concerne les EHPAD ", ajoute David Gruson. "Leur disparition garantit de graves difficultés pour les EHPAD, qui représentent pourtant un secteur clé en matière d'emploi. "
D'ailleurs, comme le rappelle le Syncass-CFDT dans un communiqué, " Ce dispositif permet des missions auxiliaires, comme la maintenance et l'entretien des locaux, l'animation et les services aux usagers. L'enjeu des effectifs y est déterminant pour la qualité de vie des résidents, par une présence supplémentaire et un réel soulagement de la charge de travail incontestablement lourde pour les équipes. Ces emplois aidés avaient trouvé leur place dans les conventions tripartites puis dans les CPOM, en intégrant un effectif autorisé de CAE. C'est ainsi la garantie du fonctionnement qui est en jeu. Outre la conséquence sociale pour leurs bénéficiaires, la suppression programmée des CAE signe la disparition d'un service direct à l'usager et d'un lien de proximité et intergénérationnel qui ne sera pas remplacé. C'est une voie d'orientation et de professionnalisation vers les métiers du sanitaire et du médico-social qui disparaît, alors qu'ils restent trop peu attractifs et méconnus. "
Une discussion ouverte
La FHF se dit pourtant confiante. A l'aube de ses prochaines universités d'été, les 5 et 6 septembre, elle entame un dialogue qu'elle espère constructif avec la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. " L'état d'esprit est positif, commente Frédéric Valletoux, même si les attentes restent fortes. Nous espérons établir une relation de confiance, dans le respect et l'écoute (...) après les nombreuses injonctions paradoxales, que notre système a subi " durant les 5 dernières années. " Il nous a été demandé de réduire les déficits sans que soient menées les réformes de fond. Aujourd'hui il faut inventer de nouvelles règles du jeu, qui nous l'espérons introduiront de la souplesse, notamment pour les établissements. "
Le Gouvernement n'a pas exprimé de souhaits de remettre à plat les GHT, qui rencontrent pourtant des tensions sur le terrain. " Nous espérons trouver un chemin de coopération qui ne passent pas par des voies autoritaires. Nous attendons des tutelle qu'elles nous montrent leurs capacités d'adaptation, en laissant de l'autonomie aux établissements. Nous allons sur ce point instaurer une mission de suivi des GHT, véritable relais national des problèmes locaux. Et questionner la ministre sur la mise en place d'une mission de simplification du système que nous jugeons trop bureaucratique. "
Frédéric Valletoux a enfin insisté sur la responsabilisation des acteurs notamment en matière de réforme du financement du système de santé, invitant chacun à participer à l'accueil des plus fragiles, à assurer la continuité et la permanence des soins. L'innovation en santé et l'investissement doivent également être confortés. " Aujourd'hui les chiffres d'investissement sont très faibles, explique t-il. Les besoins sont proches de 5 milliards d'euros, la réalité, plus près de 3. Cela affaiblit notre capacité d'adaptation. Il faut libérer les GHT en les accompagnant par de l'investissement. Je souhaite que notre fédération continue sur ce point d'être force de proposition. "