A la demande du ministère des Solidarités et de la Santé, la Haute Autorité de santé a examiné le bien-fondé du remboursement des médicaments homéopathiques. Elle vient de rendre un avis défavorable.
La Haute Autorité de santé (HAS) rend un avis défavorable sur le remboursement de l'homéopathie
"Contrairement aux autres médicaments, les médicaments homéopathiques n'ont pas été évalués scientifiquement avant d'être inscrits au remboursement il y a plusieurs décennies", explique la HAS dans un communiqué adressé à la presse. Dans ce contexte, le ministère des Solidarités et de la Santé a saisi la HAS pour évaluer le bien-fondé du maintien au remboursement par l'assurance maladie des médicaments homéopathiques.
Première évaluation scientifique en vue du remboursement en France
L'évaluation scientifique française menée par la commission de la transparence de la HAS sur les médicaments homéopathiques, a concerné près de 1200 médicaments homéopathiques (1200 souches qui peuvent avoir chacune des taux de dilution différents et être combinées entre elles), soit une évaluation beaucoup plus vaste que celles habituellement menées par la commission. Celle-ci a analysé plus de 1000 publications scientifiques, les contributions des parties-prenantes ainsi que les documents et dossiers déposés par les trois laboratoires concernés (Boiron, Weleda et Rocal-Lehning).
Au terme de cette évaluation scientifique qui a nécessité 9 mois de travail, la commission de la transparence a rendu un avis défavorable au maintien du remboursement des médicaments homéopathiques. Cet avis a été adopté à la majorité lors de la séance plénière du 26 juin, à l'issue de la phase contradictoire. Celle-ci a permis aux trois laboratoires de faire valoir (par écrit et en audition le 12 juin) leurs arguments relatifs au projet d'avis adopté par la commission le 15 mai.
L'avis de la commission a été transmis aux laboratoires ainsi qu'à la ministre des Solidarités et de la Santé à qui il appartient de prendre la décision finale sur le maintien ou non du remboursement des médicaments homéopathiques par l'assurance maladie.
Une efficacité insuffisamment démontrée pour justifier d'un remboursement
La commission de la transparence a identifié des données scientifiques pour 24 affections et symptômes traités avec des médicaments homéopathiques tels que troubles de l'anxiété, verrues plantaires, soins de support en oncologie, infections respiratoires aigües chez l'enfant, etc.
"Pour l'ensemble de ces affections et symptômes, la commission de la transparence a considéré que ces médicaments n'ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d'un remboursement. Plusieurs raisons motivent cette conclusion : absence de preuve de l'efficacité (données cliniques ne permettant pas de conclure à une efficacité suffisante ou absence de données disponibles), pas de nécessité de recourir systématiquement à des médicaments (classiques ou homéopathiques) pour traiter des pathologies sans gravité ou qui guérissent spontanément, absence d'étude robuste permettant d'évaluer l'impact des médicaments homéopathiques sur la qualité de vie des patients, absence d'impact attribuable aux médicaments homéopathiques sur la consommation d'autres médicaments, la diminution du mésusage, le nombre d'hospitalisations, les retards à la prise en charge ou sur l'organisation des soins.
Le laboratoire Boiron a immédiatement réagi indiquant que "la Commission de la transparence n'a(vait) pas intégré dans sa méthodologie d'évaluation : l'intérêt de santé publique de ces médicaments ; l'absence d'indications thérapeutiques résultant de leur statut réglementaire ; et le caractère individualisé du traitement homéopathique. Alors que plus de 20.000 médecins prescrivent régulièrement des médicaments homéopathiques et que plus de 1.100.000 Français ont d'ores et déjà manifesté leur attachement au maintien du remboursement de ces médicaments, la décision revient désormais au gouvernement". Agnès Buzyn, ministre de la Santé et des Solidarités, doit maintenant se prononcer, même si elle avait déjà indiqué qu'elle suivrait l'avis de la HAS.