Trois questions à Sébastien Houadec, directeur de l'EHPAD "Les Marronniers" à Levallois-Perret (92) élu, en avril, vice-président du COD3S (Collectif des directeurs d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux).
"La lassitude habite de plus en plus de D3S"
Le Collectif des directeurs d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (COD3S) a vu le jour en décembre?2014. Quelle place occupe-t-il désormais auprès des professionnels notamment des jeunes D3S??
Après deux ans d'existence, le COD3S demeure une association assez jeune dans le paysage et entend démontrer son utilité et son implication auprès des professionnels D3S. Nous mettons un point d'honneur à venir à la rencontre de nos futurs collègues dès leur entrée à l'EHESP. Ce premier contact est précieux car il nous permet d'entendre les interrogations, les craintes mais également les souhaits, les projets des "jeunes pousses". Aujourd'hui, la structuration du réseau des correspondants locaux est indispensable car ils sont les relais de l'association sur les territoires et s'assurent de "l'atterrissage" des nouveaux collègues. Ce qui ne manque pas d'être sportif pour une première prise de poste?!
Parmi les priorités 2017 du nouveau bureau du COD3S élu le 5?avril, il y a l'organisation des 20 ans de la filière D3S. À quoi ressemble le quotidien des chefs d'établissement dans un contexte budgétaire contraint??
Le contexte budgétaire est indubitablement une source grandissante d'inquiétude pour les D3S. Beaucoup de collègues redoutent notamment la mise en place du tarif départemental "dépendance". Nous souhaitons le maintien, voire le renforcement, d'une offre publique forte, de qualité et accessible économiquement pour les usagers. La réduction des crédits pour les structures publiques est une cruelle réalité qui amène certains collègues à s'interroger sur le sens de leur action. Le manque de moyens a une influence directe sur les effectifs, qui sont le principal poste de dépenses des EHPAD. Si l'on ajoute à cela, la prolifération des normes régissant nos activités, l'augmentation des données statistiques à faire remonter, etc., on comprend rapidement la lassitude qui habite de plus en plus de D3S. Dans ce contexte, ils se sentent en effet pris dans un étau?: faire toujours mieux avec moins.
Comment appréhendez-vous la mise en oeuvre de la réforme de la tarification des EHPAD??
Cette réforme part d'une logique a priori louable?: rééquilibrer les moyens entre établissements sous-dotés et sur-dotés. Pour celui qui n'y prête pas attention, cette mesure paraît en effet relever de la justice et du bon sens. Néanmoins, pour un chef d'établissement averti, la supposée justice paraît n'être qu'un leurre. On veut mettre dans l'esprit des gestionnaires l'idée selon laquelle des établissements disposent de trop de moyens. Pour les usagers, cette assertion est simplement insupportable. Pour les professionnels, c'est une source de démotivation. Nous sommes nombreux à être curieux de savoir qui sont les gagnants de cette "moyennisation" des dotations "dépendance". Je crains que de nombreuses structures publiques ne soient in fine pénalisées. Nos établissements ne font en effet aucune discrimination à l'entrée - ni financière, ni de santé. Si cette réforme venait à affaiblir le secteur public, les résidents seraient les premiers perdants.