Des chercheurs mettent en évidence le lien entre exposition à trois polluants liés au trafic routier et un plus bas niveau de performances cognitives chez 61 000 adultes de plus de 45 ans. Leur étude va se poursuivre sur l'évolution dans le temps de leurs fonctions cognitives.
La pollution de l'air impacte les performances cognitives
Les effets nocifs des polluants atmosphériques sur la santé, même à de faibles niveaux d'exposition sont bien documentés. De récentes recherches ont suggéré aussi que la pollution de l'air pourrait accélérer le déclin cognitif, l'un des symptômes annonciateurs d'une pathologie neurodégénérative comme la maladie d'Alzheimer et d'autres démences.
Une équipe de chercheurs dirigée par Bénédicte Jacquemin, de l'Inserm, a croisé les cartes d'exposition à trois polluants liés au trafic routier avec les données cognitives de plus de 61 000 personnes de plus de 45 ans appartenant à la grande cohorte épidémiologique « Constances » et ayant passé une série de tests mesurant les performances cognitives : mémoire, fluence verbale et fonctions exécutives.
L'étude qui fait l'objet d'une publication le 10 mars dans The Lancet Planetary Health* indique que l'exposition à de plus grandes concentrations de ces polluants serait associée significativement à un plus bas niveau de performances dans les trois domaines cognitifs étudiés. Pour les participants les plus exposés, les chercheurs ont constaté une différence allant de 1 à près de 5 % du score des performances cognitives par rapport aux participants moins exposés. « Les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives, précise Bénédicte Jacquemin. Le dioxyde d'azote et les particules PM2,5 impactent d'avantage la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives. »
Elle conclut : « La prochaine étape de nos recherches consiste à observer l'évolution dans le temps des fonctions cognitives de ces adultes, afin de voir si l'exposition à la pollution est aussi associée à une baisse du fonctionnement cognitif avec le temps, baisse qui peut refléter les premiers signes de démences, tant de la maladie d'Alzheimer que d'autres formes de démences du sujet âgé ».