Grâce aux plans successifs, la filière Alzheimer a développé une palette de dispositifs pour prendre en charge les personnes âgées aux différents stades de la maladie, à domicile comme en établissement. Désormais, les structures innovantes à mettre en place doivent se centrer sur la prévention. Pour le Pr Bruno Vellas, coordonnateur du Gérontopôle à Toulouse, les EHPAD ont un rôle majeur à jouer.
« La prévention de la maladie d'Alzheimer sera le futur de l'EHPAD »
S'il n'existe pas encore de traitement curatif de la maladie d'Alzheimer, les recherches ont mis à jour un certain nombre de facteurs qui pourraient retarder son apparition. « On a aujourd'hui des preuves solides de l'efficacité de la prévention. De grandes études épidémiologiques font état d'une baisse de l'incidence de la maladie d'Alzheimer chez les personnes âgées de plus de 70 ans. Ce sont les résultats des politiques de prévention en santé: l'amélioration du niveau d'éducation, de la qualité de vie, l'optimisation du traitement des facteurs de risque vasculaires et métaboliques », a souligné le Pr Bruno Vellas, coordonnateur du Gérontopole de Toulouse, lors du Congrès national Unités Alzheimer, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), les 16 et 17 décembre.
Lors de la présentation du Livre Blanc sur les unités de soins d'évaluation et de prise en charge Alzheimer, l'accent a été mis sur la nécessité de développer des structures innovantes, au premier rang desquelles des centres de prévention. Ces lieux permettraient notamment de mettre en oeuvre des interventions multi-domaines (exercices physiques, cognitifs, conseils de nutrition, prise en charge de risque cardiovasculaires, de troubles de la vue ou de l'audition...) qui ont montré "une certaine efficacité" dans la prévention de la maladie d'Alzheimer.
Tourner l'EHPAD vers l'ambulatoire
« Les EHPAD qui ont pour eux la grande force d'être répartis sur tous les territoires et d'avoir des professionnels de santé formés à la prise en charge des malades d'Alzheimer, doivent commencer à s'intéresser à la prévention et peut-être demain ouvrir en leur sein des centres de prévention. Les personnes âgées de la commune pourraient s'y rendre pour une évaluation et un repérage des formes précoces de la maladie, pour bénéficier d'actions de prévention du déclin cognitif et de la maladie d'Alzheimer. Le but est aujourd'hui de ne plus se limiter à voir les fonctions qu'il faut compenser mais voir aussi à maintenir les fonctions existantes chez le malade d'Alzheimer. Cela va changer totalement la prise en charge. La prévention de la maladie d'Alzheimer sera le futur des EHPAD » , a insisté le Pr Bruno Vellas. Et le Pr Mathieu Ceccaldi, Chef de service neurologie à l'hôpital La Timone à Marseille d'ajouter « Il faut agir sur ce qu'il n'est pas advenu. On évolue vers un changement de culture sanitaire. » Le Pr Pierre Krolak-Salmon, neurogériatre a lui aussi abondé dans le même sens : «Changer le concept de l'EHPAD et le tourner vers une prise en charge ambulatoire parait très judicieux pour injecter sur l'ensemble du territoire cette notion de prévention ».
Judicieux et bénéfique sur le plan médico-économique grâce à la réduction des dépenses de santé. A condition toutefois ... de faire évoluer le mode de financement des soins en EHPAD pour consacrer des enveloppes aux actions de prévention. « Aujourd'hui, si un EHPAD a des résidents GIR 1 et 2, il a droit à des financements. Mais si cet établissement permet à une personne GIR 3 de devenir GIR 4, il n'y a aucune valorisation », a rappelé le Pr Vellas.