L'Agence des médecines complémentaires adaptées (A-MCA) a organisé, début décembre, une rencontre à l'Assemblée nationale, parrainée par la députée Annie Vidal, portant sur la prévention à tous les âges de la vie. Véronique Suissa, sa directrice, fait le point sur cette journée.
« La prévention prend tout son sens auprès des personnes fragiles »
Quel bilan tirez-vous de cette rencontre ?
Je retiens tout d'abord l'importance de ne pas déconnecter la prévention de la santé. Ce constat est partagé par l'ensemble des intervenants à cette journée, réunis dans une dimension pluriprofessionnelle et pluridisciplinaire. La prévention est transversale, elle concerne tous les secteurs, tous les publics et tous les âges de la vie. Les intervenants ont souligné la nécessité d'agir pour adopter une vision plus longitudinale de l'être humain.
Il est également nécessaire d'apporter plus de lisibilité au champ des pratiques complémentaires afin de mieux définir celles s'inscrivant, ou non, dans le domaine de la prévention, et distinguer celles dispensées pour le bien-être de celles utilisées dans une visée thérapeutique par des professionnels de santé. Le dernier enjeu est donc connexe, à savoir l'importance de sensibiliser les médecins et l'écosystème de la santé autour des pratiques de prévention et de bien-être, encore trop souvent perçues comme anecdotiques. Lors de cette journée, l'accent a été mis sur les mesures préventives à prendre pour le bien-vieillir dans notre société, avec un angle novateur autour de l'habitat.
Pouvez-vous nous en dire plus ?
L'idée est de ne pas déconnecter l'habitat de la prévention. Le bien-être commence chez soi. Il faut penser à l'adaptabilité du logement, qui peut vite devenir invalidant ou impossible à utiliser en raison des fragilités émergentes, et impacter lourdement la qualité de vie. Cela pose forcément la question de la prévention pour ne pas se retrouver chez soi dans des situations d'impasse.
L'habitat interroge enfin l'accès aux soins médicaux essentiels. Pour autant, l'accès à des soins de prévention plus intégratifs est important car ils participent à la qualité de vie et, par extension, au maintien à domicile. Dans ce domaine, les innovations de secteur ont toutes leur place, et ce d'autant plus qu'en France, il existe encore peu de structures intermédiaires, inclusives, intergénérationnelles entre l'habitat privé et les Ehpad. Dans ces derniers, l'approche relationnelle doit être développée et personnalisée. La prévention prend tout son sens auprès des personnes fragiles. Mais les dirigeants ne savent pas toujours comment s'emparer de cette question. Ce n'est pas évident en raison de l'organisation en place, du manque de moyens, de connaissances et de personnel.
L'enjeu autour des métiers et de la formation des soignants a également été abordé. Quelle place pour les médecines complémentaires ?
Les pratiques préventives et complémentaires sont avant tout un levier pour agir sur la qualité de vie au travail des soignants, dès lors que ceux qui les dispensent sont dûment formés. La formation aux approches complémentaires est aussi nécessaire pour les acteurs médicaux et paramédicaux intervenant auprès des personnes âgées afin d'insérer, dans les services, des pratiques complémentaires adaptées aux publics tout en connaissant les distinctions entre les approches. C'est d'autant plus important pour les interventions menées auprès des publics fragiles, qui requièrent une expertise de la part des praticiens, pour une qualité et une sécurité des pratiques. Autrement dit, la prévention va de pair avec la formation de tous les acteurs.