Jean-Pierre Riso est Président de la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa) et Directeur de la Fédération départementale ADMR du Gard.
« La transformation de notre modèle doit s'opérer de façon ascendante », selon Jean-Pierre Riso.
Quels ont été, selon vous, les événements marquants de l'année 2019 ?
Nous avons connu une année pleine de promesses avec la publication des rapports Libault, El Khomri et Dufeu-Schubert. Tous résultent d'une véritable concertation, qui a notamment associé les fédérations professionnelles, et proposent des constats et des pistes de solutions de qualité. Le rapport de Dominique Libault présente notamment des solutions chiffrées, structurées et structurantes, susceptibles de transformer l'accompagnement de nos aînés de façon pérenne.
2019 a aussi été marquée par un écart croissant entre les travaux menés au niveau national et les réalités du terrain. Nombre de directeurs d'établissements et de services témoignent de difficultés de recrutement et d'accompagnement particulièrement inquiétantes. Face à cette urgence à agir, nous avons qualifié la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 d' « indifférente ». Elle n'a pas été à la hauteur de ce que nous imaginions comme amorçage et retranscription de la dynamique engagée par le rapport Libault. A cette déception s'est ajouté le report du projet de loi Grand âge et autonomie. L'année 2019 s'est donc terminée sur beaucoup de frustration.
Que souhaitez-vous en 2020 pour les personnes âgées ?
Une grande loi qui nous donne les moyens de transformer notre modèle et d'assurer la pérennité de cette (r)évolution. Les politiques publiques à l'égard de nos aînés doivent faire évoluer les services à domicile et renforcer leur partenariat avec les autres acteurs, concrétiser toutes les formes d'habitat inclusif et permettre la transformation de nos EHPAD vers une logique domiciliaire renforcée. Elles doivent faciliter des logiques d'accompagnement organisées et structurées permettant à chacun d'innover durablement dans l'accompagnement du grand âge. Au quotidien, nos 1 200 adhérents, qui représentent différents types d'établissements et de services, inventent des solutions à la fois innovantes et pertinentes. Ils sont donc en capacité de faire des propositions. La transformation de notre modèle doit s'opérer de façon ascendante prenant pleinement en considération l'expérience et les réalités de terrain ainsi que la mise en oeuvre de logiques de coordination entre établissements et services et de stratégies rénovées en termes de gouvernance. La future loi doit aussi nous donner les moyens de renforcer les équipes, de valoriser leurs conditions de travail, ce qui passe par une augmentation du nombre d'accompagnants et une valorisation des plans d'aide à domicile. Nous veillerons aussi à ce que les départements aient les moyens de répondre aux objectifs de prévention et d'accompagnement de la perte d'autonomie.