Bien connu et implanté au Québec, le " baluchonnage " fait enfin ses premiers pas officiels en France. Adopté le 30 janvier 2018 par l'Assemblée nationale, le projet de loi assouplit le code du travail pour permettre à une aide à domicile d'intervenir auprès d'une personne Alzheimer en continu plusieurs jours d'affilée. Explications.
Le baluchonnage à l'essai
Des années qu'on l'attendait en France ! Et le voilà enfin. Le texte autorisant un salarié à travailler plusieurs jours de suite à domicile est enfin entré en vigueur, à titre expérimental toutefois, et pour une seule personne volontaire par entreprise, qu'il s'agisse d'un établissement ou d'un service à domicile.
Le baluchonnage, Kesako ?
Inventé par Marie Gendron en 1999, ce service est inspiré d'un concept québecois. Il s'agit d'un modèle d'accompagnement à domicile de personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer. Les aidants familiaux sont ainsi remplacés auprès de leur proche malade par un seul et même intervenant. L'aidant familial peut alors quitter le domicile, pour profiter de quelques jours de répit, sans placer son proche dans un hébergement temporaire ou multiplier le nombre d'intervenants à domicile. Ces mouvements ajoutent en effet des perturbations inutiles, reconnues comme délétères pour la personne fragilisée et sources d'inquiétude pour le proche aidant.
Un accompagnement sur mesure
Le baluchonnage permet de conserver les habitudes de vie comme l'environnement de la personne malade. La baluchonneuse, souvent une femme, s'installe au domicile de la personne pour y vivre 24h/24 en l'absence du proche aidant. Elle peut ainsi suivre et s'adapter au rythme de la personne dont elle s'occupe, assurant les soins divers (toilette, repas...) mais aussi l'accompagnement social.
Parce qu'il est quant à lui soumis à de grosses sollicitations quotidiennes, le proche aidant peine parfois à s'accorder quelques jours voire quelques heures de repos sans s'inquiéter des pertes de repères de son proche changé d'environnement. Avec le baluchonnage, il sait que son conjoint ou son parent est pris en charge dans son cadre habituel et ne verra pas défiler plusieurs intervenants à son chevet.
Un modèle adapté à la France
Rebaptisé " Relayage ", ce dispositif vise à assouplir le code du travail. Le texte pour " un État au service d'une société de confiance " indique dans son article 29 des dispositions dérogatives à la législation permettant de travailler plusieurs jours consécutifs. Les exigences du droit français étaient jusqu'à présent un frein réel au développement du dispositif puisqu'elles fixaient une durée maximale de travail quotidien et hebdomadaire, ainsi qu'un temps de repos minimal. Le baluchonnage s'appuie désormais sur une directive appliquée "pour les activités de garde, de surveillance et de permanence caractérisées par la nécessité d'assurer la protection des biens et des personnes". L'article 29 crée donc pour les aides à domicile un régime spécifique autorisant jusqu'à 6 jours d'intervention consécutifs et 94 jours maximum sur 12 mois, et 11 heures de repos quotidien pouvant être supprimé totalement ou réduit à 8 heures avec attribution d'un repos compensateur.
De quoi libérer la possibilité d'interventions plus longues.