Alors que la 3e vague s'annonce déjà, le Synerpa dresse un bilan plutôt positif de la gestion de la crise par les établissements. Mais pousse un cri d'alarme pour soutenir le domicile.
Le domicile, grand oublié de la crise Covid
Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, est formelle, « il est temps d'envisager la crise Covid-19 autrement ». Bien sûr, un échange hebdomadaire avec les français pour les tenir informés de l'évolution de la pandémie reste nécessaire. Mais il faut arrêter les stop & go permanents « qui épuisent plus qu'ils ne rassurent. Cette 3e vague, et les épidémies à venir vont bouleverser notre façon de vivre. Il est temps de réfléchir à d'autres modes de communication, de prendre des décisions pour plusieurs semaines et d'envisager aussi une stratégie de long terme ». Cela implique de repenser la filière hospitalière, reconstituer dès maintenant les stocks d'EPI, travailler sur les séquençages de virus, utiliser les nouveaux outils comme le traitement et l'analyse des eaux usées qui permettent d'anticiper une épidémie 15 jours à l'avance. De même, elle insiste sur la nécessité de ne pas modifier les protocoles sanitaires tous les 3 jours car cela devient « ingérable pour les établissements et les familles ». « Nos adhérents voudraient être entendus sur leur besoin de clarté. » De même sur la procédure mortuaire qui reste très exigeante et violente pour tous. « Il faut mener une réflexion avec les pouvoirs publics ».
Une situation sanitaire plutôt stable
700 décès ont été enregistrés en Ehpad la semaine dernière. « Ce chiffre est élevé mais on est loin des 1 500 morts hebdomadaires enregistrés lors du pic de 2nde vague », commente Florence Arnaiz-Maumé. « Des turbulences sont toutefois observées en PACA où 90% des résidents et personnels ont été testés positifs dans un établissement. Côté signes, on enregistre une grande asthénie, beaucoup de fatigue, des diarrhées, de la fièvre. On sait gérer aujourd'hui mais on s'interroge sur l'évolution de la réponse médicamenteuse ».
La vaccination quant à elle semble être un succès sur l'ensemble du territoire, « sur les cibles qui nous ont été fixées ». Car le Synerpa regrette de ne pas encore pouvoir vacciner l'ensemble de son écosystème (salariés de moins de 50 ans, familles, proches aidants, intervenants extérieurs, livreurs...) « alors que nous en avons la capacité technique grâce aux vaccinodromes que nous avons installés ».
Le domicile, grand oublié du gouvernement
Le syndicat ne se dit « pas malheureux » de l'abandon momentané de la loi grand âge, qui pour être efficace nécessiterait 3 ans de travail puis 3 ans sur les décrets d'application. « Dans ce contexte, on ne voit pas comment mener un travail si soutenu, et ce d'autant que l'État nous a bien accompagnés : financement de tests, de matériels, de vaccins, aide logistique, primes... et même, création d'un 5e risque. La seule oubliée du secteur, c'est l'aide à domicile. Pour elle, il y a urgence ».
C'est pourquoi le Synerpa demande aujourd'hui la mise en place de trois mesures :
- Une action « Ségur de la santé »
- La mise en place d'un tarif APA minimum départemental à 23 euros
- Un forfait de 3 ou 4 euros financé par l'Assurance maladie pour soutenir les heures d'intervention.
« C'est un cataclysme économique », ajoute Florence Arnaiz-Maumé. « Ça va craquer. Nous ne pourrons bientôt plus accompagner les personnes à domicile si des mesures ne sont pas prises. C'est une urgence absolue ».