Le lavage des mains est efficace contre la propagation des microbes. Reste qu'on peut les laver avec du savon et que l'essuyage peut réduire à néant l'effort du professionnel. L'adoption de solutions hydroalcooliques supprime cet inconvénient. Mais qui a trouvé cette solution ?
" Le geste qui sauve "
Si pour changer nos habitudes nous évoquions un hygiéniste vivant et déjà mondialement célèbre ? Il en existe bel et bien, en tout cas au moins un, à savoir Sir Didier Pittet. Ces trois lettres précédant son nom, symbole du rang de chevalier de l'empire Britannique auquel sa majesté Elisabeth II l'a élevé en janvier 2007, en atteste déjà car il faut souligner que l'homme est Suisse. Né à Genève le 20 mars 1957, dans une famille modeste mais au caractère affirmé, Didier a toujours eu une âme de leader. Il devient docteur en médecine en 1983 puis se spécialise en épidémiologie et santé publique aux USA avant d'entamer une carrière d'infectiologue dans les célèbres HUG, Hôpitaux Universitaires de Genève, à ne pas confondre avec le fameux UGH de vos westerns de jeunesse censé traduire la sagesse des indiens d'Amérique du Nord. Oui, oui tout à fait celui qui se prononce en levant une main, la paume ouverte vers l'avant.
En tant qu'infectiologue Didier Pittet va s'intéresser aux infections nosocomiales et à leur prévention donc à l'hygiène des mains. Considéré comme le Semmelweis des temps modernes il va ajouter au génie scientifique du premier un charisme et un sens de la communication qui font toute la différence entre une découverte et une révolution. C'est autour de la friction avec des solutions hydroalcooliques (SHA) qu'il va bâtir sa stratégie : plus rapide, efficace et mieux tolérés que le lavage.
Dusse sa modestie en souffrir, c'est à mon ami Autrichien Walter Koller et à son maitre Manfred Rotter que l'on doit à la fin des années 70 les nombreux travaux validant l'efficacité antimicrobienne remarquables des SHA. Mais c'est cette fois un pharmacien anglais travaillant en Suisse, William Griffiths, qui entre en scène. En 1976, il met au point à Fribourg une formulation de SHA innovante avec laquelle il part vers les HUG en 1978. Le produit n'a toutefois que peu de succès auprès des soignants mais en 1995 les travaux de Didier Pittet le remettent en lumière.
Le coup de maitre du Suisse est de publier en 2000 dans le célèbre Lancet des données scientifiques irréfutables sur le fait que les SHA améliorent le respect de l'hygiène des mains et par ce biais réduisent les infections nosocomiales en particulier à Staphylocoques. Outre de lui valoir sa nomination comme Professeur de Médecine cette publication est le déclencheur d'un mouvement mondial qu'il va savamment orchestrer et faire fructifier au prix d'un investissement individuel total.
Le brevet des SHA des HUG va être cédé à l'OMS qui va en décliner deux formulations du domaine public dont la production devient possible dans les pays à ressources limitées. La journée mondiale de l'hygiène des mains du 5 mai va naitre en 2008 et déclinée en France à partir de 2009 avec un impact spectaculaire. En faisant reculer de manière spectaculaire les maladies infectieuses, notre héros Suisse a ainsi rendu ses lettres de noblesses à l'hygiène hospitalière. Et il n'a probablement pas dit son dernier mot.
Et vous, êtes vous prêt à suivre ce guide des temps modernes ?
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