SPH Conseil, filiale de la Fédération Hospitalière Française (FHF) intervient dans l'organisation des conférences pour le salon de la santé et de l'autonomie mais aussi pour créer des événements dans le champ de la santé et du médico-social.
"Le numérique pousse à revisiter les organisations"
Avec la fusion des trois salons portés historiquement par la FHF (Hôpital Expo, HIT et Géront/Handicap Expo), le médico-social est-il devenu pour SPH Conseil un nouveau champ d'action?
Le domaine des personnes âgées et handicapées est une des composantes fondatrices de la Fédération Hospitalière de France (FHF). Nombre de manifestations spécifiquement dédiées à ce secteur d'activité sont organisées par la FHF, à Paris ou par les fédérations régionales, et le point d'orgue en est Géront et Handicap Expo.
Depuis deux années maintenant, la FHF a décidé de regrouper les trois manifestations en un seul événement : les Salons de la Santé et de l'Autonomie (SSA). Le challenge de SPH Conseil est de valoriser la nouvelle architecture des SSA en élaborant des conférences qui intègrent à la fois les dimensions sanitaire et médico-sociale. Nous faisons tout pour qu'aucun public ne se sente « frustré » par cette nouvelle formule: d'une part, en portant des thématiques en lien avec « le terrain », donc forcément de plus en plus transversales entre sanitaire et médico-social et, d'autre part, en organisant des temps privilégiés pour chacun de ces publics.
De plus, la FHF a conçu ces SSA sur un mode innovant et souple de façon à ce que tous puissent contribuer à leur succès. « Plateforme d'accueil » pour les acteurs du monde de la santé, les porteurs des SSA proposent aux associations, fédérations et autres organisations de professionnels d'associer leurs propres événements à ce temps fort du calendrier, comme la FFAMCO qui organise une de ses rencontres nationales lors des SSA .
Avez-vous le sentiment qu'un véritable dialogue s'est instauré entre le sanitaire et le médico-social ?
Même s'il est loin d'être encore assez approfondi et structuré, ce dialogue se concrétise de plus en plus souvent. Ainsi, le programme des SSA met en avant des thématiques transversales en prise directe avec les préoccupations des gestionnaires, des médecins et des soignants. Sur un autre plan, notre action de conseil et d'accompagnement démontre que la réflexion stratégique menée par les équipes s'affranchit d'un cloisonnement historique hérité d'une approche réglementaire liée aux modalités de financement et non pas aux réalités de terrain.
Quel qu'en soit le statut, les établissements de soins prennent en charge une population de plus en plus âgée pour laquelle des solutions d'aval doivent être conçues. A l'inverse, les structures spécialisées pour les personnes âgées ou handicapées doivent s'inscrire dans une logique de prise en charge intégrant le recours à des partenaires du secteur sanitaire.
Ces démarches concertées s'observent également lors de la mise en place d'actions de coopération inter-établissements (CHT ou GCS, par exemple), voire lors d'élaboration de stratégies de groupe. Par ailleurs, un phénomène voit peu à peu le jour : la mutualisation d'un nombre grandissant de fonctions support (blanchisserie, restauration, mais aussi de plus en plus services techniques, achats, contrôle de gestion, système d'information, etc.). Ces mises en commun de moyens génèrent à la fois performance dans la qualité de service et construction d'une image « d'employeurs de référence » pour nombre d'établissements, y compris les plus petits, car participer à un « réseau » est attractif pour nombre de professionnels.
Enfin, la notion de télémédecine pousse au rapprochement, au dialogue à la fois stratégique et technologique entre les structures de santé, quel qu'en soit leur statut juridique. C'est aussi une formidable approche entre ville et institutions, donc dans un domaine où les acteurs du médico-social doivent encore se montrer plus entreprenants...
L'innovation et le numérique bousculent les organisations. Comment appréhendez-vous cette évolution?
L'essor des nouvelles technologies a des impacts très divers selon les acteurs en fonction de leur vision prospective, de leur ambition dans ce domaine, de leur taille et de leur appréhension de ce sujet. L'aspect financement reste un argument majeur avancé par les décideurs, tant au niveau de l'investissement que de l'exploitation.
Le numérique pousse à revisiter les organisations en profondeur pour les rendre plus performantes. Un exemple classique peut être celui des secrétariats médicaux qui se trouvent à la croisée des chemins entre qualité de service rendu au malade, efficience d'une prestation directement liée au soin et évolution fondamentale d'un métier (ainsi, en cas d'utilisation de la dictée numérique, le secrétariat médical passe de producteur de document à éditeur de document).
L'innovation dans le numérique bouleverse les modes de communication entre les malades et leur médecin traitant aussi bien qu'entre le médecin traitant et le médecin « en institution ». Nous pouvons repérer ici ou là des initiatives remarquables dans le domaine de la m-santé. Existent aussi de réelles innovations porteuses de sens, notamment lorsqu'elles permettent aux professionnels de santé de suivre à distance leurs patients à partir d'une application mobile.
J'observe que les évolutions des organisations entre établissements sont parfois entravées et rendues plus complexes en raison des systèmes d'information. Il est évident que nous ne pourrons développer de véritables stratégies de groupe si les solutions apportées par l'innovation dans le numérique ne font pas l'objet d'une concertation entre les professionnels d'un même territoire. Et cela se vérifie tant dans le sanitaire que dans le médico-social, tant dans le public qu'également dans le privé non lucratif. L'importance des schémas directeurs du SI, mais aussi de leur bonne gouvernance est, une fois encore, à mettre en exergue.
Vérifiée dans une logique de stratégie de groupe, cette approche s'inscrira sans doute demain dans un cadre élargi avec la notion de service territorial de santé que promeuvent les pouvoirs publics. Une nouvelle approche coordonnée au service de la personne et du patient que les acteurs publics et privés pourraient avoir à mettre en oeuvre dans un avenir plus ou moins proche.