L'Académie nationale de médecine a adopté le 18 janvier un rapport titré « Après la crise Covid, quelles solutions pour l'Ehpad de demain ? » et fait siennes les 10 recommandations qu'il comporte.
Les 10 recommandations de l'Académie de médecine pour l'Ehpad post-covid
Le rapport de la commission XIII « Autonomie-dépendance-vieillissement » de l'Académie nationale de médecine a été adopté le 18 janvier en séance plénière et publié le 28. Pour analyser la place actuelle des Ehpad dans la filière de soins et comprendre leurs difficultés de fonctionnement, il a paru indispensable aux auteurs* de décrire les mutations accélérées qu'ont connues ces établissements depuis leur création en 1999, puis, « à la lumière de la crise actuelle, d'élaborer des pistes pour développer une vision positive du rôle que ces établissements ont à assurer dans le futur ».
Ces pistes aboutissent à 10 recommandations :
1- Favoriser toutes les actions possibles pour réduire les risques d'être oblige? de recourir à un Ehpad : prévention de la perte de l'autonomie dès la mi-vie, évaluation gérontologique à la retraite, visite systématique et régulière du lieu de vie permettant l'aménagement du domicile de tous les aînés comme cela se pratique au Danemark à partir de l'âge de 75 ans, priorité au maintien à domicile le plus longtemps possible.
2- Maintenir la diversité des structures d'accueil car un modèle normatif et sécuritaire unique est de plus en plus inadapté pour répondre aux aspirations sociales (libre choix, sécurité, liberté de circuler, maintien du lien social) et vérifier qu'il existe au niveau de chaque territoire les capacités pour répondre aux différents besoins.
3- Anticiper systématiquement la décision d'entrée en Ehpad et renforcer l'information du résident et de sa famille sur les modalités de prise en charge et les coûts des prestations proposées.
4- Valoriser fortement la formation de tout le personnel, en priorité le métier d'aides-soignantes, pivot essentiel des soins en Ehpad par leurs missions plus larges et leurs charges plus lourdes que dans le secteur sanitaire, et tendre vers un même ratio de personnel soignant quel que soit le type d'Ehpad (public, associatif, commercial).
5- Renforcer l'implication des ARS par des programmes incitatifs pour améliorer la formation, la prévention et la démarche qualité en apportant les financements nécessaires.
6- Établir une convention avec des liens solides et opérationnels entre les hôpitaux de recours et les Ehpad pour apporter des compétences techniques lors des situations complexes, pour résoudre les situations d'urgence et organiser les retours d'hospitalisation.
7- Redéfinir le rôle du médecin coordonnateur pour rendre effective la médicalisation des Ehpad et répondre à la lourdeur des soins objectivés grâce aux évaluations (coupes GIR/PATHOS) faites tous les 3 ans. En fonction des indicateurs de charge en soins, il y a une nécessité absolue de budgétiser une infirmière de nuit.
8- Compte tenu de l'augmentation de la prévalence des maladies neurocognitives à un stade sévère, doter l'ensemble des Ehpad d'unités de vie protégées (UVP) et de pôles d'activités et de soins adaptés (Pasa).
9- Assurer les soins de fin de vie en sensibilisant le personnel sur l'application cohérente et homogène des consignes de soins anticipées et organiser la collaboration avec une unité mobile de soins palliatifs.
10- Prévoir un espace de questionnement éthique avec un représentant des usagers dans chaque établissement pour les situations complexes.
* Régis Gonthier, Monique Adolphe, Jean-Pierre Michel, Jacques Bringer, Bruno Dubois Dominique Lecomte, Jacques Milliez, Bruno Vellas au nom de la commission XIII (Autonomie-Dépendance-Vieillissement).