Dans le n° 21-mai 2012  -  Chronique de Pierre Parneix  846

" Les âges de la vie "

Si vous avez particulièrement bonne mémoire vous vous souvenez peut-être du fameux " Histoire naturelle de la femme, suivie du traité d'hygiène appliquée à son régime physique et moral aux différentes époques de sa vie " publié en 1805 par le non moins célèbre Jacques-Louis Moreau de la Sarthe.

Reçu docteur en médecine le 2 prairial an XIII, il fut professeur d'hygiène à l'Athénée de Paris. Dans cet ouvrage de près de 750 pages il décrit, pour les deux sexes soyez rassurés, les douze âges de la vie allant du foetus à la décrépitude et dont l'âge adulte n'est que le sixième de la chronologie. S'ensuivent l'âge héroïque, de maturité, de retour, de repos et de vieillesse. Si l'âge de foetus était pour l'auteur le temps des glaces et des ténèbres celui de retour est l'âge de la scène et de la dissémination. L'espérance de vie de la femme étant passée de 35 à 85 ans depuis cette docte description il faudrait donc probablement à notre auteur inventer les 29 âges de la vie pour décrire le parcours humain du XXIe siècle.

Toutefois l'ouvrage le plus connu de Jacques-Louis Moreau reste celui coécrit avec Jean Burdin, chirurgien de première classe à l'armée du Nord de son état, et intitulé " La gangrène humide des hôpitaux ". Outre une description séméiologique des plus fines qui force le respect tout en suscitant un certain effroi, les auteurs se livrent à une analyse des causes possibles de l'origine de la dite affection où l'on trouve entres autres : " au transport des virus septiques avec des instruments imprégnés de pus, ou avec des linges mal lessivés et une charpie pénétrée de molécules virulentes ".

Si la gestion du linge a fait des progrès spectaculaires depuis le XIXe siècle, la vigilance reste de mise. En secteur médico-social on craindra, comme pour la gale, la ré-infestation d'un résident avec ses propres vêtements pouvant faire renaître une épidémie. Les infections fongiques ne sont pas non plus à négliger. Trychophytum rubrum est un dermatophyte responsable du syndrome dit du " Pied d'athlète " car la macération dans les chaussures le favorise. Mais cette mycose n'est pas que l'apanage des dieux du stade et on la retrouve à tout âge. Des chaussettes ou des serviettes de toilettes mal entretenues peuvent pérenniser l'infection et il a été montré qu'un cycle basse température à 30 °C ne suffisait pas à détruire complètement T. rubrum qui requiert un cycle à 60 °C pour être totalement inactivé. Dans une étude japonaise réalisée chez un sujet atteint d'une infection du pied à Trichophyton mentagrophytes, les auteurs ont étudié la dissémination du fongique dans l'environnement. C'est évidemment pieds nus que la transmission est maximale et systématique et on la retrouve dans 90 % avec un bas nylon, 30 % avec une chaussette en coton et seulement dans 10 % des expériences avec la fameuse Tabi ou chaussette Japonaise. Par contre c'est au sein de cette dernière que la contamination résiduelle est la plus élevée et nécessite donc un lavage aux qualités certifiées.

Et vous êtes-vous prêt à adopter les Tabi à l'âge de repos ?

En savoir plus :

http://www.infectiologie.com/site/medias/enseignement/ECN/17-ECN-item_87.pdf

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