L'EHPAD de La Madeleine à Bergerac (Dordogne) compte 20 personnes en contrat aidé sur 180 salariés. Sylvain Connangle, directeur de l'établissement adhère complètement à ce type de recrutement. Un choix porteur : 40 à 60 % des contrats aidés ont été recrutés ensuite en CDI. Témoignage.
« Les contrats aidés sont une valeur ajoutée et non à jeter »
Quels intérêts présentent, selon vous, les contrats aidés pour un EHPAD ?
J'ai, à titre personnel, bénéficié en 1986 d'un contrat aidé, les travaux d'utilité collective (TUC), qui m'a permis d'entrer dans le monde professionnel. Contrairement à ce que disent certains médias les contrats aidés sont très positifs. Actuellement, l'EHPAD la Madeleine compte 20 personnes en contrat aidé sur 180 salariés. Pôle emploi nous a aidé dans notre démarche de recrutement. L'EHPAD travaille également étroitement avec la Mission locale qui connaît bien l'établissement et peut nous adresser des candidats pour des profils de poste. Le secteur du grand âge connaitra de nombreux départs à la retraite dans les 5 ans à venir, ce qui ouvre des perspectives d'embauche pour ce type de contrats. Le secteur des personnes âgées devient un secteur plus attractif pour les infirmières, les aides-soignantes. Le monde des EHPAD a évolué en qualité, avec une culture de l'amélioration. Il devient intéressant pour des professionnels. Les recommandations de bonnes pratiques de l'ANESM nous ont fait grandir.
Plusieurs études ont mis en évidence un « effet d'aubaine » des contrats aidés, notamment dans le secteur non-marchand. Qu'en pensez-vous ?
En tant qu' EHPAD du secteur associatif, nous défendons à La Madeleine, des valeurs morales. J'appréhende le recrutement de personnes en contrats aidés dans une double démarche d'insertion et de professionnalisation. Quand on réunit ces deux objectifs, on évite l' «effet d'aubaine » et on s'inscrit dans une volonté de pérenniser ces emplois. Il ne s'agit pas de «bouche-trou », les contrats aidés sont une valeur ajoutée et non à jeter. Ces recrutements s'inscrivent au même titre que les contrats classiques dans une démarche de ressources humaines. La notion de parcours professionnel est trop formatée, je préfère raisonner en termes de trajectoire professionnelle. On peut ainsi donner une chance à des personnes de 50/55 ans en rupture professionnelle, ouvrir le recrutement à des professionnels qui n'étaient pas destinés en premier lieu aux métiers de la gérontologie mais qui possèdent les valeurs morales et éthiques, le sens du relationnel, le savoir-être, le sens de l'observation pour bien accompagner les résidents.
Comment bien accompagner ces salariés ?
Nous avons mis en place des périodes de professionnalisation pour leur permettre d'accéder à des formations ainsi que du tutorat qui permet la transmission des savoirs. L'EHPAD fonctionne très bien avec les autres partenaires du dispositif tels que l'OPCA, Les résultats parlent d'eux-mêmes : 40 à 60 % des personnes en contrat aidé sont passées en CDI. C'est le cas pour une personne qui a pu faire un BTS comptable et nous l'avons embauchée en CDI, d'une autre qui a décroché un BEP hôtellerie en CDI, et une troisième personne qui a désormais un CAP Pressing. Recruter des personnes en contrat aidé est un engagement moral.