Le 3ème baromètre européen du bien vieillir réalisé par Ipsos pour la Fondation Korian pour le Bien-Vieillir livre des informations nouvelles sur les aspirations des seniors européens. Explications.
Les femmes, plus fragiles que les hommes, au grand âge
Réalisé dans les quatre pays européen où le groupe Korian est présent (la France, l'Italie, la Belgique et l'Allemagne), ce 3ème baromètre, réalisé tous les deux ans, vise à mesurer la manière dont les plus de 65 ans, mais aussi les plus jeunes, appréhendent le phénomène du vieillissement.
On est âgé à 79 ans...
En moyenne, pour les seniors européens de plus de 65 ans, on n'est une « personne âgée » à partir de 79 ans, alors que pour les moins de 65 ans, la « frontière » se situe à 70 ans...
Mais information notable, les seniors se sentent globalement bien dans leur peau. 75 % des plus de 65 ans estiment que la vie reste une source de plaisir, même s'ils étaient 78% en 2016 et 84 % en 2014 à l'affirmer. A noter que parmi les personnes âgées de 80 ans et plus, ils sont encore 67 % à trouver que leur vie est heureuse. Sur la question de l'épanouissement physique, les chiffres décroissent « naturellement » avec l'âge. Si les plus de 65 ans sont 67% à se déclarer en forme, ils ne sont plus que 58 % à partir de 80 ans.
L'isolement, un enjeu du vieillissement
Les plus de 65 ans sont 20% à se plaindre d'isolement au moins un jour sur deux. Ce chiffre atteint 25% pour les plus de 80 ans, soit une personne sur quatre. Un isolement à dissocier d'une solitude choisie, comme le remarque subtilement Serge Guérin, sociologue.
Une érosion du bien-être des femmes
L'un des points marquant de ce Baromètre est l'érosion du moral des seniors qui touche plus particulièrement les femmes : elles perçoivent en moyenne des retraites plus faibles et sont plus souvent confrontées à la solitude (veuvage). Les hommes semblent mieux vivre leur âge (80% contre 71% pour les femmes). A noter également que les femmes sont souvent aussi des aidantes, de leurs ascendants comme de leurs descendants, portant et assumant des charges lourdes. Un sujet émergent à observer comme le souligne Sophie Boissard, présidente de la Fondation.
Le rôle social et l'utilité des seniors : des écarts de perception entre les générations
Contrairement aux idées reçues, les seniors ont plus confiance dans leur utilité sociale que leurs cadets : c'est entre 65 et 74 ans que ce sentiment d'utilité des aînés est le plus haut (85 % se sentent utiles contre 76% des moins de 65 ans).
Si, selon le baromètre, l'ensemble de la population s'accorde sur le fait que pour se sentir utile, il faut avant tout continuer à gérer son quotidien sans avoir à demander de l'aide, pour les seniors, se sentir utile, c'est plus globalement pouvoir gérer ses papiers administratifs et ses tâches ménagères en toute indépendance. L'assistance apportée aux autres ne vient que bien plus loin dans leur hiérarchie de l'utilité. Les plus jeunes, en revanche, estiment qu'un senior se sent utile en rendant service à ses cadets, par la transmission de ses savoirs, en leur donnant des conseils ou encore en leur rendant service. Les plus jeunes surestiment donc le fait que leurs aînés se sentent utiles grâce à eux. Pour les seniors, la première utilité, c'est de voir respectée leur autonomie et que la société ne cherche pas à les infantiliser.
Et du côté des maisons de retraite ?
47% des plus de 65 ans pensent qu'on peut continuer d'être utile en établissement, contre 52% des moins de 65 ans. A condition de pouvoir continuer de recevoir ses proches, avoir la possibilité de sortir quand on le souhaite, faire sa toilette et choisir ses vêtements seul... mais aussi avoir une connexion internet.
« Une partie des seniors s'autocensure », ajoute Serge Guérin. « Il est donc temps de tordre le cou aux idées reçues », confirme Sophie Boissard « et d'arrêter d'infantiliser les plus âgés. Cette forme de déterminisme sur le grand âge est assez effrayante. Les résultats du baromètre nous prouve qu'il faut donner à la génération des plus âgés la possibilité de prendre la parole elle-même et de laisser s'exprimer sur la manière dont elle se perçoit plutôt que de laisser les plus jeunes parler à leur place. Enfin la question des différences de genre est une réalité peu prise en compte sur laquelle il est nécessaire de travailler ». A bon entendeur !
Découvrir l'étude complète sur le nouveau site de la Fondation Korian